"On n'a pas suffisamment pris en charge
ce que vivaient les populations partout sur le territoire français" …
Voilà ce que déclare Céline Pigalle
la directrice du réseau France Bleu
quand elle annonce le lundi 6 janvier dernier que les 44 Locales
et les France 3 Régions s’allient
et deviennent une seule entité :
ICI.
En attendant que ces fiançailles accouchent d’une nouvelle race de média
pour l’heure toujours avortée,
la radio stagne
pour ne pas dire continue à s’enliser.
Qui se souvient que ce réseau a su atteindre les 8 % d’audience
alors qu'il n'est plus crédité aujourd'hui que de 2 millions 200 000 auditeurs ?
C’était en 2014,
le web et la proéminence de l’image pourtant montaient déjà en puissance…

Les quelques 1400 salariés déployés sur les 44 implantations
dans l’hexagone et en Corse,
artisans du quotidien et fins connaisseurs de leurs terrains,
seraient-ils les seuls responsables de cette décrépitude ?
Du fait de la variable d’ajustement budgétaire
au sein de Radio France
dont ont été victimes les locales,
leurs productions spécifiques ont été toujours plus réduites.

N’y a-t ’il pas eu des erreurs stratégiques
comme au temps des gilets jaunes ?
Le slogan de la chaîne chantait sur tous les tons
"On est bien ensemble" !
Tous les samedis quand les ronds-points étaient les théâtres de manifs,
les antennes locales ne pouvaient pas en rendre compte en direct faute de budget.
Elles étaient contraintes de relayer un programme national.

Quid encore de la période covid
durant laquelle les stations réunies en grandes régions
ont été contraintes de diffuser des programmes communs.
Pourtant plus que jamais les auditeurs avaient besoin de service
et de proximité !
Même en prenant en compte la nécessité de la protection des salariés
face à la pandémie,
c’était un dévoiement de leur ADN !

"La situation est trop grave pour faire comme si tout allait bien",
disaient déjà avant l’été les salariés d’une majorité des stations,
fatigués d'appliquer,
depuis des années et face à "des contraintes budgétaires toujours plus fortes,
des ordres et des contre-ordres venus d'en haut,
le plus souvent sans concertation avec les équipes".

Sans pouvoir décoler,
en réalisant, même, une contre performance en cette rentrée,
le réseau ICI reste inconfortablement assis
sur le même score que cet été :
Mais ce sont 400 000 auditeurs perdus en 1 an …
Bien sûr,
il s’agit d’un agrégat de résultats
qui prend en compte la diversité des performances des 44 stations,
certaines continuant à mieux résister que d'autres …
Mais par les temps qui courent,
quelle peut-être la réflexion de l’actionnaire,
c’est-à-dire l’état…

Sans doute en sera-t-il question prochainement à l’occasion
de la signature des Contrats d’Objectifs et de Moyens
concernant les 1400 collaborateurs !
Nombres de professionnels en région dénoncent
des grilles
et des programmations musicales uniformisées,
ainsi que les heures de production spécifique en diminution.

Pourtant,
force est de constater que les publics partout en région
restent attachés aux infos de proximité !
Les stations locales ont su d’ailleurs dédoubler leurs offres
en investissant le champ digital.
avec un fort succès de leurs publications sur le web :
Bientôt leurs productions seront plus consommées sur internet
que sur leurs antennes !

N’est-il pas temps de construire un global média de service public novateur,
en conservant evidemment à chaque canal son ADN,
mais en pariant sur leur complémentarité ?
Le secteur privé avec BFM et RMC, CNews et Europe 1, ou RTL et M6 s’y engage.
Du coté des groupes d’audiovisuel public,
le Canada en premier puis la Suisse, puis la Belgique et bien d’autres nations plus lointaines
achèvent leurs révolutions …
Les expérimentations ne manquent pas !
Y compris au sein même du Paysage Audiovisuel Français
avec les 9 stations ultramarines,
gérées par France Télévisions.
Elles travaillent depuis bientôt 15 ans à faire se compléter au quotidien
les talents des pros de radio, de TV et du web…
Depuis une vingtaine d’années,
il est question de "convergence" avec les autres supports
que sont les ordinateurs,
les télévisions,
et surtout les smartphones.
Internet rend toutes les offres accessibles sur l’ensemble de nos appareils,
à la maison,
au travail
ou dans les transports en commun, comme en voiture.

ICI,
le nouveau nom des radios locales depuis janvier dernier,
et qui estampille en haut à droite de l’écran les productions régionales sur France 3,
demeure pour l’heure une opération de marketing assez creuse
et incomprise par l’essentiel des publics .
Qu’est-ce qui a changé,
au-delà des initiatives portées par des managers locaux,
à l’occasions d’évènements exceptionnels ?
Que dire encore des matinales de radio "filmées"
et co-diffusées bientôt partout dans l’hexagone, ?
Elles ne réunissent péniblement que 60 000 téléspectateurs au total
chaque matin !!!

Quid de la promesse de global média en construction
à en croire les entreprises,
à l’instar de l’engagement de la pédégère de France Télévisions face à l’Arcom
lors de sa reconduction ?
Comme se le demandait sur franceinfo,
le philosophe et académicien Michel Serres :
"On n’imagine plus devoir séquencer ses besoins
d’information, de culture, de distraction,
entre des supports différents".

"Ainsi est né le concept du media global
qui voit les médias s’assembler
et produire ensemble des contenus sous toutes les formes :
écrite, sonore, vidéo ou photo.
Avec l’interactivité via les réseaux sociaux
qui permet à chacun d’entrer dans l’histoire…"
Thierry Mathieu
e-crossmedia
Le 13 novembre 2025.
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