"Avec le budget de l'audiovisuel public
vous pouvez sauver,
en un an,
6000 églises en danger,
construire 20 000 places de prison,
un réacteur nucléaire
ou payer 100 000 profs !"
Voilà l’évaluation répétée sur bien des plateaux
par le député Charles Alloncle
proche d’Eric Zemmour,
et rapporteur de la commission d'enquête sur l'audiovisuel public.

Dès l’ouverture des débats la semaine passée,
cette instance créée à la demande du député Eric Ciotti
a fait dans la presse l’objet d’un soupçon...
Ne s’agirait-il pas d’un procès
à charge
contre l’audiovisuel public :
son budget annuel de 4 milliards d’euros,
ses pratiques qui alimentent la polémique surtout face aux médias du groupe Bolloré
avec en premier lieu la question du pluralisme ?

Parmi les observateurs,
Pablo Pillaud-Vivien écrit dans la revue "Regards.fr" :
"Pour l’extrême droite,
il ne s’agit pas ici de réformer mais bien de délégitimer,
de marteler que France Télévisions et Radio France seraient des bastions idéologiques,
des repaires de "bobos",
des officines de gauche financées par l’impôt.
L’objectif est limpide :
préparer l’opinion à leur démantèlement ou à leur mise sous tutelle
par des intérêts privés amis.
Bollorisation ou disparition,
voilà l’horizon défendu par Éric Ciotti et Marine Le Pen".

Ce que confirme au micro de France Inter
le député RN
Philippe Ballard.
Alors que le dernier sondage Odoxa publié mardi dernier
donne Jordan Bardella vainqueur de l'élection présidentielle 2027,
qu'importe son adversaire;
l'ex journaliste élu sur la deuxième circonscription de l'Oise
détaille le projet de son parti.
L’ex PDG d’Arte Jérôme Clément
donne son point de vue, lui,
sur le site "le journal.info" :

"Faire tomber Radio France,
supposée être un repaire de gauchistes
et affaiblir France Télévision
est l’objectif à peine déguisé de l’extrême-droite.
Un projet de loi sur l’audiovisuel doit d’abord soutenir le service public,
garantir son indépendance éditoriale et financière
ainsi que le respect des règles déontologiques
sous le contrôle de l’Arcom,
qui devra établir une régulation numérique solide et rigoureuse."
Le Président de l’Arcom,
Martin Adjari
a justement été la premier auditionné mardi dernier
au Palais Bourbon :
Sont attendues désormais
devant la commission,
2 des dirigeantes des entreprises de l'audiovisuel public :
Sibyle Veil de Radio France le 17 décembre prochain
et Delphine Ernotte de FTV
dès le 10.
Venant de chez Orange,
cette dernière avait dès son arrivée à la tête du groupe
il y a 10 ans
défendu la nécessité d’un financement pérenne et suffisant
pour honorer son cahier des charges.

Comme au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1
où elle levait le voile sur la création de la version TV de franceinfo :
Le gouvernement prévoit une coupe supplémentaire de 50 millions d'euros
dans les crédits programmés en 2025 pour l'audiovisuel public,
dont 35 millions
rien que pour France Télévisions.

Pablo Pillaud-Vivien :
"L’argent public doit financer une information rigoureuse, exigeante, éclairante.
France Télévisions et Radio France ont besoin de moyens
qu’on ne cesse de leur retirer depuis des années,
les contraignant à tailler dans tous les effectifs dont ceux des rédactions.
Aujourd’hui,
le champ médiatique est saturé par ceux qui font l’inverse :
transformer chaque fait divers, sans enquête ni intelligence.
(…)
Mais attention :
France Télévisions et Radio France ne peuvent être le miroir inversé de cette déferlante.
Être "contre" CNews ne fait pas un projet éditorial.
Comme être "contre" le RN ne fait pas un projet politique. »
L’une des 4 secrétaires de la commission
la députée écologiste Sophie Taillé-Polian
abonde dans ce sens,
sur le plateau de LCP :
Guillaume Roquette,
directeur du Figaro Magazine,
pense en large partie
le contraire …
Il compare le secteur public
et les radios et télévisions privées.

En parallèle de la commission d’enquête,
l’examen et le vote en seconde lecture
du projet de loi porté par la ministre de la Culture
doit toujours être inscrit au calendrier parlementaire.
Si tant est que des trajectoires soient adoptées
par le vote du budget !

Jérôme Clément,
ex-président d’Arte :
"Débattre de la création d’une holding n’a pas de sens
si ce n’est pas pour renforcer la liberté et la création.
À l’avenir il y aura de moins en moins de spectateurs ou d’auditeurs en "linéaire".
Les intéressés basculeront vers une écoute sur des plateformes numériques
nécessitant un pouvoir central fort pour organiser,
répartir les programmes d’une autre façon
en mélangeant les supports :
privilégier les thèmes et programmes
et moins les antennes,
le mode de consommation ayant changé."

"Dans cette optique,
la création d’une holding,
ou d’un regroupement,
est une orientation envisageable
qui permettra de réorganiser les entreprises.
(…)
La compétition s’annonce d’autant plus rude que,
dans le même temps,
les moyens diminuent.
De ce point de vue,
une loi est nécessaire."

Restent les interrogations,
pour ne pas dire la défiance
d’une partie des personnels concernés.
Rachida Dati avait pourtant tenté de les rassurer,
fin juin dernier.
Avant que le texte soit retoqué par l’Assemblée nationale
et repêché ensuite par le Sénat :
Thierry Mathieu
e-crossmedia
le 30 novembre 2025.
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