Amusant ? Oui mais … Michel Jonasz interrogé par TF1 dans une station-service sans être reconnu par personne de l’équipe du 13 heures : quid de la culture générale, de la validation des sujets, est-ce un exemple de fossé générationnel ?

 

Comme l'écrit un internaute sur Facebook :

" Chercheur de fuel ... Je suis un chercheur de fuel .... "

 

Sorry its not set :(

 

13h sur TF1 ce jeudi 6 avril : micro-trottoir chez Total.

Parmi les automobilistes qui parlent de leurs difficultés ou de leurs inquiétudes pour faire le plein apparaît à l’écran un homme que personne, ni le reporter, ni le monteur, ni le rédacteur en chef sensé visionner le sujet avant la diffusion, ni le réalisateur, ni la présentatrice du journal ne reconnaît …

Pourtant, ce n’est autre que l’artiste patrimonial Michel Jonasz …

 

 

Ce n’est pas un cas unique …  

Il y a 2 ans sur France 2, un cycliste qui veut passer à proximité d’une forêt durant un violent incendie témoigne lui aussi "incognito"

alors qu’il s’agit pourtant de Chris Froome, quadruple vainqueur du Tour de France.

En décembre dernier encore, toujours dans l’édition de la mi-journée, Jean Marc Furlan célèbre entraîneur de football de Ligue 1 est interrogé sur le covoiturage et l'aide de 100 euros accordée aux nouveaux conducteurs.

Lui non plus n’est pas reconnu !

Fossé générationnel pour une jeune femme reporter comme hier, pour le coup une super Nana comme le chante Jonasz, pour qui cet artiste patrimonial n’est pas une référence ?

Inattention, précipitation dans la diffusion des sujets, déficit de culture générale ?

 

Sorry its not set :(

 

En l'occurence les tests d’admission dans l’enseignement supérieur ont tendance à disparaitre ...

C'est le cas à Sciences Po, d’où viennent beaucoup de journalistes.

Depuis 2 ans, l'examen d'entrée en première année ne comporte qu’une sélection sur dossier, et d'avantage d'oraux.

L'épreuve de culture générale est supprimée, "afin de diversifier le recrutement".

Il s'agit désormais "de miser sur la personnalité des étudiants".

 

Dans les entreprises pour sélectionner des alternants, ou recruter de futurs collaborateurs,

les questionnaires pour évaluer la culture générale ont tendance également à être négligés.

Lors d’auditions dans les écoles de journalisme, ou quand arrivent dans les rédactions de nouveaux collaborateurs,

les anecdotes ne manquent pas...

 

Sorry its not set :(

 

A Lannion des candidats planchent sur un thème d’actualité locale :

l’incertitude sur l’avenir de l’aéroport local. Un jeune confie lors de la restitution qu’il n’a pas compris la question.

Il a travaillé sur le port. « Non, pas le Port, le porc ».

L’examinateur dit « Ok, la problématique de l’élevage porcin en Bretagne ca a du sens, je vous écoute ».

Et le jeune de préciser :

"J’ai traité la question du porc hallal" !

 

Sorry its not set :(

 

En Normandie, un incendie ravage un local des Restos du cœur.

C’est un pigiste qui hérite du sujet avec la mission de se rendre le plus rapidement possible sur place.

Mais quand arrive son rédacteur en chef à la radio, il est toujours face à son ordinateur.

"Je vois sur internet qu’il y a plusieurs adresses dans le Calvados,

je ne sais pas où aller… ».

L’idée ne lui est pas venue d’appeler les pompiers …

 

Au-delà de la culture générale, c’est sans doute la formation initiale qui s’éloigne du terrain.

Les ouvriers de l’info deviennent des sociologues- déontologues de l’info » constate à Radio France Catherine Charvet, dirigeante à France Bleu, ex-secrétaire générale de France Info et formatrice.

 

Sorry its not set :(

 

Force est de constater en effet que nombre de médias s’éloignent du terrain,

ou vont à la facilité.

Témoin les sempiternels micro-trottoirs réalisés par les chaines de télé nationales à proximité des leurs sièges, à Beaugrenelle dans l’ouest parisien.

Ce quartier est pourtant loin d’être représentatif de la sociologie de l’ensemble des territoires !

 

Sorry its not set :(

 

C’est également devenu une gageure de joindre la plupart des rédactions : 

pas de numéro de téléphone accessible…

Dès les années 70 pourtant, Europe 1 a pourtant inventé le fameux téléphone rouge, pour permettre à tout auditeur témoin d’un fait d’actualité de le signaler !

" C'est un lien actif entre la rédaction et ses auditeurs ",

dit à l'époque Jean Gorini, le directeur général adjoint de cette station.

"Une équipe d'étudiants journalistes reçoit les appels, les vérifie, les rédige, les envoie au service de reportage, et l'appareil professionnel se met en marche.

Il ne se passe pratiquement pas un incendie, un hold-up, qui ne nous soit signalé.

L'auditeur qui a le réflexe le plus rapide gagne.

D'ailleurs, pour deux faits divers de même importance, entre la dépêche d'agence qui sera couverte par tout le monde et l'appel personnel, nous choisissons l'appel."

 

Désormais, la relation avec les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs se résume trop souvent au suivi des publications sur les réseaux sociaux,

qui ne sont pourtant pas représentatifs de la réalité de l’opinion !

Où alors, ce sont les médiateurs qui héritent de cette tâche trop souvent considérée comme une patate chaude …

La posture des médias est devient défensive , et plus en conquête !

Pour nombre d’observateurs,

ces dérives conduisent à une forme d’effet "loupe" qui dénature la restitution des faits,

et explique en partie l’éloignement des publics de leurs médias traditionnels.

 

 

Thierry Mathieu,

Président d’e-crossmedia,

le 7 avril 2023.

 

 

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