Beaucoup s’alarment, singulièrement en ces temps d’incertitude politique …
Les "nouveaux médias" ne s’encombrent pas d'éthique, de déontologie, de vérité ...
Et peuvent être diffusés par tout à chacun.
Mais les publications professionnelles, elles-mêmes, échappent-elles aux dérives ?
Plusieurs exemples ces jours-ci démontrent la nécessité pour les entreprises,
et le régulateur,
de veiller au respect des règles qui entendent garantir le pluralisme
autant que la nécessaire liberté d'expression !
Selon le site Médiapart ...
"Entre menaces de privatisation et risque de mise au pas,
la perspective de voir le parti d’extrême droite prendre le contrôle des radios et des télévisions publiques suscite l’effroi au sein des équipes,
qui s’engagent déjà pour préserver leur indépendance et leur mission de service public."
Mais, du coup ...
Cinq journalistes de France Télévisions sont mis en retrait jusqu’au 8 juillet par leur direction.
Ils ont signé une tribune appelant à faire front commun contre l’extrême droite.
"Cet appel au vote s’avère incompatible avec le traitement de la campagne électorale sur l’ensemble des supports de France Télévisions",
dit, à juste titre, la direction du groupe public :
"Il en va de l’image d’impartialité des rédactions de FTV".
Le fait que des journalistes du service public signent cet appel
n’avait pas manqué de surprendre plusieurs personnalités des médias singulièrement du secteur privé,
à l’instar de Jean Jacques Bourdin :
Interrogation également du côté d’Europe1 …
Des auditeurs ont saisi l’Arcom
pour qu’elle examine au plus vite l’émission temporaire confiée à Cyril Hanouna
chaque fin d’après-midi en semaine,
le temps de la campagne des électorales.
L’animatrice titulaire de la tranche l’a d’ailleurs expliqué en ces mots en passant le relais à l'antenne au trublion de "Touche pas à mon poste" sur C8
l'une des chaînes affiliée à Europe1, comme l'est CNews.
Comme le note Le Monde …
"L’émission traite les différentes forces politiques en présence de manière délibérément inégalitaire."
Le régulateur de l’audiovisuel rappelle à la station
-dans le giron de l’homme d’affaires Vincent Bolloré-
son obligation de "traiter avec mesure et honnêteté l’actualité électorale", et de veiller "strictement" à "assurer une pluralité de points de vue dans les émissions de débats ".
Mais d’autres capitaines d’industrie,
à l’autre bord de l’échiquier politique,
engagent également leurs médias et prennent part;
A l’image de Matthieu Pigasse,
propriétaire entre autres des Inrocks avec une tribune d'artistes :
Et de la station Radio Nova :
D’autres médias évidemment ouvertement engagés comme c'est l'usage en presse écrite
véhiculent leurs consignes de vote via leurs choix éditoriaux …
Que disent en réalité les fondamentaux du métier ?
Vérité, rigueur, exactitude, intégrité, équité, imputabilité …
Ce sont les maîtres mots généralement retenus pour définir ce qu’est la déontologie des journalistes.
Devoir d'informer, respect du lecteur de l’auditeur ou du téléspectateur, intérêt public, droit de savoir…
Ces principes visent à garantir la crédibilité des publications, au même titre que l'indépendance à l'égard des pouvoirs politiques et économiques.
Comme tente de le résumer France Culture :
"Si la presse a toujours été vue comme l’un des socles de la démocratie,
elle a toujours été associée à son propre abus, à sa propre limitation.
Dans un texte de 1817, qu’il faut absolument relire, L’homme politique et philosophe, Pierre-Paul Royer-Collard propose ainsi une thèse originale de la liberté de la presse :
celle-ci n’est pas seulement libre parce qu’elle s’exerce, mais aussi parce qu’elle est réprimée dans ses abus.
Comment comprendre cela ?
Comment comprendre qu’il est juste que les médias soient défiés ?
"Pour Royer-Collard, mais aussi pour tout un ensemble de philosophes français du XIXème siècle,
comme Tocqueville,
la presse est ce qui permet l’émergence d’une opinion publique.
Dès qu’elle fait primer des opinions particulières sur l’opinion générale, là est le danger.
D’où la nécessité de la défier, de la critiquer.
D’où le fait aussi que la liberté de la presse est par essence une in-dépendance
(et pas une liberté pleine) :
elle travaille à ne dépendre ni d’opinions privées, ni d’intérêts privés,
et encore moins du pouvoir du Président.
La presse n’est donc pas moins libre aujourd’hui,
mais apparaît dans toute sa splendeur l’indépendance dont elle doit faire preuve. "
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 22 juin 2024.
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