"Danger de mort pour l'Europe" dit le Président Macron à la Sorbonne. N'est-ce pas aussi de désinformation dont souffre l'UE ? Entretien avec Jean-Marie Cavada, ex député européen et patron de presse.

Le Président de la République n'y est pas allé de main morte ce jeudi matin à la Sorbonne !

1 heure 45 de discours dans le saint des saints du savoir français,

un cours magistral pour informer des enjeux, selon lui, de l'élection du 9 juin prochain.

Beaucoup considèrent en effet que les français ne sont toujours pas assez informés sur LA question européenne,

sur les enjeux réels qui en découlent.

Coup de fil à Jean-Marie Cavada, journaliste,

ex dirigeant de l'audiovisuel public

et durant 3 mandats député européen.

"En effet, nous sommes comme entre 36 et 39 avec une force invasive comme la Russie,

ou d'autres puissances qui viennent nous faire les poches

comme la Chine ou les Etats Unis.

Et malgré tout,

nous observons le même type de pacifisme affiché en France.

Alors...

Comparaison n'est pas raison, mais nous observons sur notre table les mêmes ingrédients.

Il faut en effet que nous entrions dans une économie de guerre,

et non pas seulement en termes de budgets,

mais également dans les prises de conscience collectives.

Que nos peuples européens considèrent les faits, l'actualité comme nous la lisons, l'entendons et la regardons quotidiennement

comme la réalité de ce que devient notre vie,

et les prennent en compte.

Mais en même temps,

ce n'est pas si simple,

puisque du fait de la paix dont nous bénéficions depuis 45,

il n'y a pas de génération qui ait du consentir de tels efforts ... "

Nous sommes il y a 5 ans à Strasbourg, aussi à l'approche des élections européennes,

et vous débattez a la télé avec Sylvie Guillaume (PS), à l'époque vice-présidente du Parlement.

L'occasion vous est donnée de redire, que l'actualité de l'institution européenne n'est pas assez bien présentée, expliquée quotidiennement,

au public français par les médias.

Celà a-t-il évolué ?

Les français sont ils mieux informés sur les enjeux en 2024 ?

"Si on regarde le cas de la France,

elle figure aujourd'hui encore selon de récentes études au dernier rang des nations qui s'intéressent à l'Europe,

donc en 27ème position !"

"A titre de comparaison,

62% des allemands y sont sensibles et y accordent une importance.

Quand je dirigeais des rédactions, je rappellais souvent cette citation d'Elie Wiesel :

"Les peuples qui ne connaissent pas leur histoire sont appelés à la revivre".

"De la part des médias,

à de rares exceptions près et surtout en presse écrite,

les journaux n'accordent que peu d'importance à l'Europe.

Parmi les causes, la recherche d'audience effrénée, tant dans le secteur public que dans les médias privé.

En conférence au moment de choisir les faits d'actualités qui seront traités à l'antenne,

la priorité est donnée aux sujets qui facilement vont retenir l'attention des publics,

comme évidemment les faits divers, les difficultés économiques, ou les gens sinitrés par les dérèglements climatiques.

Mais tout de même ...

Etre journaliste, rédacteur en chef,directeur de publication ou de chaîne,

ce n'est pas seulement se limiter au succès d'audience !

Il faut savoir servir l'histoire.

Parfois, à regarder les JT, c'est en effet démoralisant.

Celà dit, certains médias démontrent le contraire

et à cet égard ce n'est pas un hasard si du côté de Radio France,

France Inter s'impose comme la première radio,

sondage après sondage.

Elle donne du sens, et trouve donc plus que jamais son public !"

Au delà des médias traditionnels,

il y a aussi la jungle d'internet !

Et tout de même pour tenter d'éviter les dégâts, les réglementations européennes adoptées grâce à l'impulsion donnée par la France

et pour lesquelles vous avez oeuvré.

Elles imposent aux plateformes, même si c'est compliqué à mettre en oeuvre, de mieux maîtriser ce qui y est publié.

Le Président Macron entend aller encore plus loin,

en particulier pour la protection des jeunes gens, 

comme en témoigne cette vidéo postée par Paul Larrouturou de TF1-Lci :

L'anonymat...

Père de tous les vices ?

"Disons tout d'abord que personne n'est, par principe, contre les réseaux sociaux.

En revanche, que tout soit fait pour protéger la vie privée de chacun, c'est essentiel.

Celà conduit à des drames fréquents,

comme à des suicides d'adolescents, entre autres.

Et en effet, la France est pionnière pour livrer ce combat.

Pour celà, notre pays et l'Europe entière doit imposer une extra-territorialité à l'envers.

Nos données qui relèvent de l'intime, nos finances, notre santé , sont stockées dans des machines aux Etats Unis,

au nom d'une loi nommée "Section 230" votée là-bas, qui a décrété que les réseaux ne sont pas responsables de ce qu'ils diffusent !

Comme l'a dit le Président de la République, face aux puissances étrangères comme la Russie, la Chine, l'Inde,

il n'est plus délicat d'en appeler à une forme de protectionisme.

Comme vous le disiez il y a quelques mois,

en conclusion d'une réunion de l'Institut National sur la Protection Intellectuelle.

"Depuis les textes adoptés par l'Union Européenne, la donne est en train d'évoluer dans le bon sens.

Et pas seulement chez nous ...

Aux Etats Unis même, le Sénat de l'état de Californie a d'ailleurs déjà pris des mesures de protection,

en particulier pour les mineurs. "

Thierry Mathieu,

e-crossmedia,

le 25 avril 2024.