Pour beaucoup,
la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron avait enterré le projet porté par la ministre de la Culture,
Rachida Dati,
devenue ensuite "démissionaire" comme tous les membres du gouvernement.
C’était sans imaginer la crise politique qui allait s’ouvrir
et surtout sa reconduction ce samedi soir.
Autrement dit :
Après Belotte,
puis Re Belotte ...
Ce pourrait être "Dix de der", cette fois ?
A 2 reprises déjà cette réforme a semblé passer par pertes et profits.
La première fois, c’était en 2019.
Le texte imaginé à l’époque par Franck Riester, n’avait pas survécu à la crise du Covid.
Ensuite Roslyne Bachelot à la Culture n'a pas souhaité porter le projet,
ne cachant d'ailleurs pas ses réserves, pour ne pas dire son désaccord.
Mais dès son arrivée rue de Valois en janvier dernier,
Rachida Dati, elle, en a fait l'un de ses fers de lance.
Parmi les autres personnalités aux postes clés du gouvernement Barnier,
Bruno Retailleau, à l’Intérieur :
le 15 mai dernier sur "franceinfo:"
il n’avait pas d’état d’âme.
Le projet de loi sur l'audiovisuel public, qui peut resurgir rapidement à quelques virgules près,
à l’aune des nécessaires économies à opérer du côté de l’état,
concerne en réalité 2 entreprises.
France TV :
France 2, 3, 4 et 5, France info,
le réseau outre-mer La 1re et ses 9 stations locales avec son siège à Paris :
2,57 milliards d'euros de dotation en 2024 et 8 825 salariés.
Et Radio France:
France Inter, France Culture, France Musique, FIP et Mouv',
France Bleu avec ses 44 stations locales,
et la chaîne d'information continue "franceinfo:"
668 millions d'euros de budget et 4 400 salariés.
Le projet de loi dit "de réforme de l'audiovisuel public",
dans sa dernière mouture,
exclut les autres sociétés France Média Monde, TV5 Monde, Arte et l’INA.
Avant même la dissolution décidée par le Président de la République
au soir de l’élection européenne,
le débat prévu le 23 mai à l'Assemblée nationale avait été retiré de l'ordre du jour
par le gouvernement.
L'ensemble des syndicats s'y montraient fermement opposés,
inquiets pour l'avenir des salariés, ils s'interrogeaient sur l'intérêt d'une fusion
"qui s’annonce longue, complexe, anxiogène pour les salariés et sans réel objectif éditorial".
Les syndicats de France Télévisions demandaient même
"la mise en place rapide, au plus tard à l’automne 2024,
d’un dispositif de financement pérenne et dynamique du service public audiovisuel",
garantie d'indépendance.
La veille de la date prévue pour le débat au Palais Bourbon,
une tribune a été publiée par l’ensemble des sociétés de journalistes
dans les colonnes du quotidien Le Monde :
"Non, les médias audiovisuels publics ne seront pas plus forts ensemble
car les marchés, les usages, les modèles de production de la télévision et de la radio de service public
ne sont pas les mêmes",
Les journalistes craignaient "un appauvrissement de l'offre d'information",
et le risque "d'être plus sensibles aux pressions,
notamment politiques,
une fois réunis sous une seule et même direction."
La proposition de loi,
telle qu’amendée par le gouvernement prévoyait notamment :
la création d’une holding publique au 1er janvier 2025,
avant une fusion, programmée un an plus tard.
Dans tous les cas aujourd'hui,
ce calendrier ne pourrait manifestement pas être tenu …
Dans la dernière version du projet,
ni le coût de cette fusion,
ni le mode de financement de l’audiovisuel public,
ne sont précisés.
Depuis la suppression de la redevance télé par la loi de finances rectificative pour 2022,
les chaînes publiques fonctionnent via une fraction de la TVA.
Cette mesure était donc programmée pour être temporaire jusqu’à la fin de l’année 2024.
La proposition de loi précisait seulement que "la principale source de financement"
de France Média
devrait être constituée "par une ressource publique de nature pérenne suffisante,
prévisible et prenant en compte l’inflation"
comme, par exemple, un "prélèvement sur les recettes de l’Etat".
Le retour d’une redevance n'était donc pas envisagé.
Au mois de mai dernier en tous cas,
Rachida Dati assurait toujours qu’il fallait faire la réforme au plus vite,
avant la fin du mandat de la présidente de France Télévisions
Delphine Ernotte Cunci
en 2025.
Mais,
pour beaucoup,
c’était aussi un moyen pour la ministre d’avoir un "bilan"
à la culture,
avant de briguer la mairie de Paris en 2026.
Sur ce calendrier en tous cas,
il n’y a toujours pas d’interrogation,
ni d'inquiétude !
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 21 septembre 2024.
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