La précision suisse désigne une réputation mondiale de qualité,
de méticulosité
et de savoir-faire technique exceptionnel…
Parmi les pays pionniers en Europe sur le passage à la radio numérique,
nos voisins retardent la fin de la FM !
Coup de fil à Albino Pedroia,
"Le lab radio",
Consultant pour France Médias Monde et la Rai.
Ancien Dirigeant chez Havas et Canal+
"46% de l’écoute radio en Suisse
se fait déjà en DAB +,
et presque autant, 41%, en IP
c’est-à-dire en streaming en se connectant aux stations
par un smartphone,
une tablette
ou un PC.
Il ne reste donc seulement que 13% des auditeurs qui demeurent fidèles à la FM.
Et même parmi ces rares usagers,
pas forcément des papys qui font de la résistance,
la moitié avouent qu’ils délaissent la modulation de fréquence
pour migrer vers les modes de réception numériques."
"Ces données sont valables aussi en voiture,
puisque l'autoradio demeure le média la FM par excellence :
34% des automobilistes français sont toujours fidèles aux stations de flux
en les captant via la FM …
En Suisse ils ne sont plus que 13%,
dont 7 %,
exclusivement en FM !".
Voilà pourquoi,
il y a un an déjà,
une campagne de pub a particulièrement visé les automobilistes …
"Le Conseil fédéral,
c’est-à-dire le gouvernement de la Confédération helvétique,
avait en effet décidé de ne pas autoriser une prolongation de la diffusion FM…
L’arrêt était programmé pour 2026.
Mais les plus puissantes stations privées se sont agitées.
Et grâce à la mobilisation de la droite et de l’extrême droite au Parlement,
tout vient d'être stoppé.
La balle passe désormais dans le camp du Sénat
qui doit voter à son tour !"
C’est un enjeu devenu politique
parce qu’il est d’abord économique ?
" Pour les radios
le DAB+ est un mode de diffusion bien moins onéreux
et plus écologique
que la FM qui coute une fortune.
Le service public a depuis longtemps donné l’exemple en abandonnant
la modulation de fréquence."
En effet,
le Conseil d'administration de la SSR a décidé d'arrêter la diffusion de ses radios en FM,
depuis le 31 décembre 2024...
"Mais aussitôt une chute brutale de l’audience a été enregistrée,
sans grande conséquence puisque les offres sont financées par les contribuables…
En revanche
les effets seraient bien plus lourds pour les radios privées
qui ne peuvent pas se permettre de tels accidents industriels :
elles ne vivent que de la pub !
Une chute du nombre d’auditeurs se paye immédiatement de manière sonnante et trébuchante.
Puisque les spots sont écoutés par moins de paires d’oreilles,
les annonceurs baissent leurs budgets !"
A ce jeu-là,
ce ne sont pas les petites structures privées qui revendiquent le plus…
"Les petites stations voient plutôt au contraire un intérêt à réduire leurs frais de diffusion
en optant pour le DAB+,
d’autant que leur zone de chalandise est potentiellement plus large
et que la qualité du son est meilleure.
Les grosses structures en revanche,
qui ont de lourds budgets de production,
ne peuvent pas se permettre de voir leur audience,
et donc leurs sources de financement baisser :
impossible d'attendare que tous les auditeurs adoptent le nouveau standard.
C’est un classique de l’histoire économique :
en général le leader ne court pas après l’innovation.
Elle risque dans un premier temps de déstabiliser le marché,
il préfère la stabilité qui rassure !
Le service public de son côté peut,
relativement,
se donner le temps de la transition…
"Oui,
mais une donnée est importante à observer :
les auditeurs qui n’ont plus écouté les programmes du service public
du fait de l’arrêt de la FM
ne se sont pas rués pour autant sur les radios privées !
Partout où c’est possible,
et ça l’est beaucoup du fait de l’exiguïté du territoire de la confédération.
Ils se sont reportés sur des radios étrangères,
celles captées grâces aux ondes de modulation de fréquence qui franchissent les frontières,
c’est-à-dire les stations françaises, allemandes ou italiennes !
En attendant que les politiques se prononcent,
dans l’immédiat, le calendrier de l’abandon de la FM est retardé …
"Et cela durera sans doute bien plus longtemps que ce qui était prévu.
C’est affaire d’équipement pour les auditeurs,
en attendant qu’ils soient tous dotés de récepteurs numériques.
La Suisse de ce point de vue a beaucoup d’avance sur la France,
mais la bascule n’est toujours pas encore tout à fait satisfaisante.
C’est sans doute aussi une question générationnelle."
"Les moins de 35 ans écoutent de moins en moins les radios de flux traditionnelles,
donc originellement diffusées en FM,
pour leur préférer les plateformes avec les podcasts ou leurs propres play-lists :
ils sont majoritairement déjà passés à l’IP."
"Restent donc,
grossièrement,
les 35 ans et +
qui eux constituent toujours un vivier d’auditeurs,
mais en prenant en considération leur mode de consommation.
Même s’ils migrent petit à petit vers la nouvelle technologie,
comme en achetant une voiture neuve automatiquement équipée du numérique,
cela va prendre du temps, même en Suisse !
Alors vous imaginez en France … "
"Etant donné la méconnaissance,
toujours,
du grand public sur ce nouveau mode de réception
malgré les campagnes de promotion,
et surtout du fait du sous équipement des auditeurs :
la FM a sans doute encore de beaux jours devant elle
en parallèle du DAB + …
Thierry Mathieu
e-crossmedia
Le 21 septembre 2025
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