Claude Perrier, PDG du quotidien France Antilles, prépare ce dimanche 28 novembre avec ses équipes les journaux qu’il espère pouvoir distribuer à nouveau … le plus vite possible !
Depuis plusieurs jours, du fait des troubles violents qui embrasent les 2 territoires, le quotidien n’est
plus disponible dans sa version papier. Les routes sont coupées par des barrages de manifestants tant dans l’archipel de Guadeloupe que sur l’ile de la Martinique.
Les camions qui livrent les journaux au plus près des lecteurs ne peuvent plus accéder aux points de vente. Paradoxalement l’actualité brulante suscite évidemment un fort appétit d’info de proximité.
Claude Perrier : "25 000 journaux ont été bloqués ce weekend du fait des manifestations, on a réussi à en acheminer tout de même 3 000 exemplaires jusqu’à des supermarchés.
Les gens se les sont arrachés !"
e-crossmedia : Alors pour conserver le lien avec vos lecteurs, vous
misez sur le web…
Claude Perrier : "Mes équipes sont mobilisées, nos reporters sont sur le terrain. Faute de journal traditionnel dans sa version papier, leur travail n'est en effet lu ces jours-ci que grâce au digital.
Les antillais s’informent en lisant leur France Antilles sur leur smartphone, leur tablette ou leur ordinateur.
C’est fondamental pour continuer à occuper le terrain de l’info, en complémentarité des confrères de l’audiovisuel que sont RCI en radio et internet coté privé, et évidemment les 1ères -radio tv web- coté service public. Mais commercialement ça ne peut pas durer :
notre offre exceptionnelle via internet en PDF sur l'appli est gratuite, ça ne fait pas vivre une entreprise…
Cela peut être utile d’ailleurs pour d’autres raisons que des troubles sociaux, comme les jours d’ ouragans, ce que connaissent régulièrement les Antilles."
e-crossmedia : Du coup la reconstruction que vous avez lancé depuis plus d’un an en engageant le journal vers le numérique, et donc en actualisant le savoir-faire des collaborateurs, s’avère vertueuse …
Claude Perrier : "Quand je suis arrivé, le journal était mort et petit à petit depuis un an et demi on avance. On a déjà reconstruit un journal, et on se met de plus en plus aussi à la vidéo et à l’audio.
Je revis un petit peu ce que j’ai connu, après avoir dirigé le réseau France Bleu,
quand j’ai pris la direction de La Provence et qu’il n’y avait pas de web. Il faut former les collaborateurs …
Ici, nous avons déjà 8 millions de pages vues et 2 millions de visiteurs uniques : ce n’est pas rien, surtout quand on part de zéro !
Hier samedi, quand à 5 heures du matin les camionneurs nous ont annoncé qu’ils ne pouvaient plus livrer les journaux aux points de vente, j’ai réuni mon équipe de direction.
Il faut trouver des solutions, être souple, inventer. Ils ont tellement eu peur il y a 2 ans que ce journal en faillite ne reparaisse plus qu’ils sont motivés, je les en remercie.
Ce genre d’épreuve, ça soude !
Quand Xavier Niel m’a demandé de porter la renaissance de ce titre prestigieux qu'était France Antilles,
je n’imaginais pas que ce serait si compliqué.
Mais c’est une aventure humaine et professionnelle extraordinaire.
Espérons qu'avec l'arrivée du ministre la situation se stabilise vite.
Et que la version papier de nos journaux puisse être à nouveau distribuée rapidement.
J'espère mardi ..."
e-crossmedia, le 28 novembre 21.
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