Holding ou fusion ?
BBC à la française,
ou reconstitution 50 ans après de l'ORTF ?
Gouvernement et syndicats de l'audiovisuel public sont loin d'être sur la même longueur d'onde ...
Est-ce la mobilisation massive des personnels en grève qui conduit l'éxécutif à attendre, et voir ?
Le débat en première lecture à l'Assemblée Nationale est en tous cas reporté,
à une date ultérieure ...
"L’Union fait la force"… dit le gouvernement ...
L’idée n’est pas récente !
Bien avant que le projet de loi soit écrit au début du 1er mandat d’Emmanuel Macron,
puis mis de côté du fait de la crise COVID,
et redevienne d’actualité récemment avec l’arrivée de Rachida Dati au ministère de la culture,
les politiques y pensaient.
François Hollande, alors Président de la République,
l’avait évoqué lors de son intervention le jour du 50ème anniversaire de la maison de la radio et de la musique,
en septembre 2013.
Même s’il imaginait un rapprochement sur le numérique ou la formation professionnelle,
il ne s’engageait pas vers une fusion...
Quelques mois après sa première élection Emmanuel Macron, lui, s’est montré plus précis,
et déterminé,
en laissant entendre en direct sur France 2 la nécessité d’une fusion,
"pour épouser l’époque" ...
"Cette réforme doit permettre de proposer une offre plus riche,
mieux mise en avant sur tous les canaux de diffusion pour qu'elle puisse s'adresser à tous les Français
dit Rachida Dati …
Du coté de Radio France, les 1100 animateurs et journalistes,
dont certaines "vedettes" sont à l’antenne sur RF et FTV,
écrivent précisément le contraire dans un texte publié par l’ensemble des organisations syndicales.
"La tentation sera grande, en effet, de rogner le budget de l’audiovisuel public, devenu précaire depuis la suppression de la redevance.
Vous entendrez partout les mêmes interviews, les mêmes reportages.
Imaginez, par exemple, que le son de la télévision soit diffusé sur les chaînes de radio pour réduire le nombre d’équipes sur le terrain.
Ce serait une fausse bonne idée.
Les reportages seront moins nombreux, moins en prise avec le terrain au moment où notre public exprime, au contraire, un besoin croissant de proximité".
Assez seul du côté des "gens de radio",
l’ancien PDG de Radio France Jean Luc Hees dit comprendre, lui, la nécessité de la réforme ,
dans une tribune publiée par
Le Figaro :
"Il s’agit d'être plus fort pour faire mieux entendre une voix spécifique et différente…
Comment imaginer qu’un regroupement de France Télévisions, Radio France, France Média Monde et l’INA
pourrait porter atteinte au pluralisme dans l’accès à l’information et à la culture ? […]
Il y a vingt ans j’aurais très probablement défendu bec et ongles l’autonomie de chacune des entités constituant le service public de l’audiovisuel.
Qu’y puis-je si le monde se transforme
et qu’y puis-je si, pour survivre et être fort au service de l’intérêt général, il est nécessaire de regarder la réalité en face ?"
A contrario, Jean Noel Jeanneney l’un de ses prédécesseurs ,
qui a entre autres piloté le début du développement du réseau des radios locales,
considère qu’il n’est nul besoin de créer une holding, et encore moins une fusion, pour que les entreprises intensifient leurs coopérations …
La Société Des Journalistes tente dans un point de vue publié par Le Monde de démontrer que, fusionnées, les chaines de radios et de télévisions publiques ne seraient pas plus fortes :
"L’expérience le prouve : de précédentes fusions ont conduit à un appauvrissement de l’offre éditoriale.
La fusion entre France 2 et France 3 a ainsi entraîné la disparition, sur France 3, des journaux télévisés Soir 3, 12/13 et 19/20 nationaux,
malgré de très bonnes audiences.
Ils proposaient une information différente de celle de leurs confrères de France 2"
L’un des parlementaires, porteurs du projet, le sénateur du Val de Marne Laurent Lafon considère qu’il faut aller vers une holding...
"parce que les coopérations déjà existantes entre radio et télévision ne progressent pas assez vite".
Il l’a expliqué récemment au micro de France Inter, lors d’un débat organisé face à l’ex PDG de Radio France,
Jean Noel Jeanneney .
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 23 mai 2024.
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