Les pansements, le tabac, le vin, les enterrements, les cafards, les parasites …
Voilà les thèmes récurrents de ces Journaux des tranchées
qui ont préfiguré les blogs et publications actuels sur les réseaux sociaux !
470 journaux français ont été publiés !
Surtout à partir du moment où la position des armées s’est figée
et qu’ont débuté donc les face à face des troupes ennemies.
Comme aujourd’hui prolifèrent sur le web les articles, les photos et les vidéos
qui ensuite génèrent des commentaires et des échanges,
Ces journaux écrits sur les champs de bataille durant la grande guerre
témoignent surtout de la volonté spontanée des poilus eux-mêmes
de renforcer l’unité de la troupe.
Ces publications deviennent des éléments fédérateurs
et sont d’ailleurs vues avec bienveillance par la hiérarchie.
A l’instar des militaires ukrainiens qui,
dès le début du conflit avec la Russie il y a 2 ans et demi,
ont communiqué eux-mêmes sur les réseaux sociaux
en publiant des vidéos …
Comme à Verdun,
les soldats internautes d’aujourd’hui en Ukraine montrent les échanges de tirs nourris,
les combats presque au corps à corps dans les tranchées,
la reconquête boyau par boyau,
casemate par casemate.
Les poilus
comme d’ailleurs les soldats allemands de 14-18,
cherchent déjà aussi à maitriser par eux même le récit de leur histoire.
Leur but est de partager la réalité de ce qu’ils vivent.
Alors que dans le même temps,
la Presse professionnelle loin du front est censurée par l’Etat,
pour que ne soient pas divulguées à l’ennemi des informations,
comme cela avait été le cas en 1870.
Comme en témoigne le site du "Musée du Temps" de Besançon.
"En 1916,
le journal de tranchée "Le sourire de l’Escouade" rend hommage à toute l’équipe de rédaction
Ils sont tous décédés la veille, lors d'une attaque…
Comme les militaires internautes qui publient aujourd’hui depuis leurs smartphones,
les rédacteurs sont de simples soldats,
sans aucune qualification journalistique.
Une autre dimension renvoie aux pratiques actuelles sur le web …
Chaque journal de tranchée fait ainsi allusion aux autres canards dans un souci fraternel,
avec toujours le souhait d’un retour positif.
L’attente, l’ennui sont l’objet de nombreux articles ou de poèmes.
Mais les nouvelles armes, comme le gaz, font l’objet également de véritables reportages.
Et surtout la vie quotidienne est décrite sans filtre,
sur un ton souvent trivial et souvent aussi morbide.
La cuisine, la soupe, les corvées sont illustrées de dessins
et inspirent même de nombreux jeux de mots…
Comme de nos jours en Ukraine ce soldat Youtuber est désormais célèbre
pour ses recettes de cuisine diffusées depuis le front.
Durant la grande guerre, une autre rubrique est également récurrente : la mode !
Le passage du pantalon rouge au bleu horizon est très commenté,
de même que l'arrivée des masques à gaz.
Mais l’objectif premier,
c’est tout de même de divertir le soldat,
même si la haine des planqués loin du front fait l’objet de nombreux articles,
tout autant que le manque des proches chéris à l’arrière …
La liberté de ton reste de mise,
pour entretenir par l’humour le moral des Troupes,
même si à partir de 1917 Pétain tente de les contrôler pour éviter qu’ils deviennent,
comme aujourd’hui les réseaux sociaux,
des moyens de communication susceptibles d’organiser des mutineries...
A l’image de celle racontée au cinéma par Christian Carion en 2005 dans "Joyeux Noël",
mais qui n’a pas marqué l’histoire par un article de journal de tranchée.
Il n’en existait pas à cet endroit...
C’est par des lettres des soldats envoyées à leur famille que la fraternisation entre troupes ennemies
le 24 décembre 1914
a été connue de la hiérarchie.
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 11 novembre 2024.
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