Média ... d'opinion ou pas ? Avec l'affaire Dreyfus dont une nouvelle page est en train de s'écrire, il est utile de tirer les leçons de l'Histoire !

 

"L'information

n'est pas une opinion"

clame franceinfo:

Alors qu’il y a peu,

CNews au contraire revendiquait

"la liberté d'opinion" !

 

 

L’histoire fait écho au positionnement de ces chaînes

à travers une nouvelle page d'une grande histoire

qui est en train de s’écrire …

 

 

L'Assemblée nationale a en effet adopté à l'unanimité ce lundi

la proposition de loi déposée par Gabriel Attal

pour élever à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade.

Le texte va être transmis au Sénat afin de poursuivre son parcours législatif.

 

 

Or …

Si à l’époque ce dossier est devenu une affaire d’état,

c’est pour nombre d’observateurs du fait de la couverture inédite jusqu’alors par la presse

qui n’est que "écrite"

évidemment

à l’époque : 

près de 100 000 articles publiés entre l’arrestation du capitaine Dreyfus en 1894 et sa réhabilitation en 1906. 

Ces papiers contribuent à forger et à radicaliser les opinions ainsi qu'à diviser la population

 

 

Déjà,

cohabitent une

"presse populaire d'information",

qui se veut plutôt neutre,

et celle dite "d'opinion",

très influente,

qui prend parti

et s'engage clairement en fonction de son idéologie

et des valeurs qu'elle défend. 

 

 

Une cinquantaine de quotidiens d’opinion sont alors diffusés à Paris

et près de 200 en province !

A travers la défense de Dreyfus,

ce sont en réalité deux conceptions politiques antagonistes qui s’opposent

alors que la IIIème République

est encore fragile.

 

 

La presse d'opinion,

de part son traitement de l’affaire Dreyfus joue du coup un rôle essentiel

dans la structuration du paysage politique français qui domine aujourd’hui encore.

Le clivage politique droite-gauche s'installe et les différents mouvements politiques se structurent.

En 1898, 

les antidreyfusards Henri Vaugeois et Maurice Pujot, bientôt rejoint par Charles Maurra,

créent l'Action Française, antisémite, monarchiste et nationaliste :

l'extrême droite contemporaine prend forme.

La même année, le républicain Ludovic Trarieux fonde La Ligue Française pour la Défense des Droits de l'Homme et du Citoyen

pour soutenir la cause de Dreyfus.

L'organisation devient le creuset de la gauche républicaine. 

 

 

Le rôle de la presse est donc,

à travers cette page d’histoire,

à souligner.

Alors que cette affaire séculaire n’en finit pas de mettre à nu 

les fractures profondes de la société française…

Comme l’écrit ce mardi

notre confrère Stéphane Pulze  

dans les colonnes du

Dauphiné Libéré …

"À commencer par ceux qui ont traqué le militaire,

l’extrême droite antisémite qui avait pignon sur rue à la fin du XIX^e  siècle en France.

Héritier du FN qui a baigné dans cette idéologie pendant des décennies,

le RN trouve là l’occasion rêvée de s’acheter un brevet d’honorabilité, en se détachant de ce passé nauséabond.

Le constat est le même de l’autre côté de l’Hémicycle

où les représentants LFI multiplient les provocations et les dérapages antisémites

pour des raisons électoralistes".

 

 

"On peut faire de l’opinion

et être factuel ..."

remarque de son côté

Pauline Porro,

journaliste à La Vie Ouvrière, Marianne ou Reporterre …

"S’il existe une presse d’opinion,

c’est qu’il existe à contrario une presse qui n’aurait pas d’opinion,

une presse axiologiquement neutre.

Mais le journaliste n’est-il pas le gatekeeper, 

qui filtre et élimine les informations indésirables, inintéressantes ou insignifiantes

et s’occupe d’informations de plus amples importances ?"

 

 

D'aucuns considèrent que

France Inter

de service publc et 1ère radio de France 

est trop à gauche, 

comme le souligne il y a  un an Le Figaro ...

 

 

Que BFMTV ou LCI sont trop macronistes ... 

 

 

Le cas de CNews,

très conservatrice,

interpelle aussi nombre d’observateurs,

comme le raconte cette vidéo

également mise en ligne

par le Figaro …

 

 

Pauline Porro :

"Où l’on entrevoit la part de la subjectivité dans la décision de rendre public ou non une information,

d’accorder plus d’informations à celle-ci qu’à celle-là,

bien que ce choix puisse dépendre également de contraintes hiérarchiques,

économiques,

bureaucratiques…"

 

 

Toujours plus influents aussi

les soit-disant "Médias" 

produits par tout à chacun

qui peut se prétendre "journaliste"

en publiant sur le web tout et n'importe quoi ...

Sont-ils de nos jours

des médiums d'opinion ? 

Le Président de la Républicaine Française

ces derniers jours

s'interroge sur

"le rapport à la vérité

et à l'information.".

 

 

 

Dès 1971,

Le Monde publiait

ce point de vue … 

"Tout journal est de toute façon un journal d'opinion,

car ne pas avoir d'opinion c'est aussi en avoir une.

Ne pas choisir, du moins apparemment,

c'est encore choisir". 

 

Thierry Mathieu

e-crossmedia

le 3 juin 2025.