"Ce sont deux médias horribles et complètement biaisés …
NPR et PBS ont alimenté le militantisme et la propagande de gauche avec l'argent des contribuables,
ce qui est tout à fait inapproprié
et constitue une utilisation abusive de l'argent des contribuables".
Voilà ce qu’affirme la Maison Blanche en annonçant cesser le financement fédéral
de National Public Radio (NPR) qui est le principal réseau de radio public des États-Unis
et du Public Broadcasting Service (PBS), son alter ego pour la télévision.
Comme le souligne RFI :
La Maison Blanche assure par exemple que sur une période de six mois,
l'émission "PBS News Hour" a utilisé le terme "extrême droite" 162 fois,
mais "extrême gauche" seulement six fois".
L'administration Trump critique notamment le traitement par NPR de sujets liés
à la communauté LGBT+,
à Black Lives Matter
et aux initiatives de diversité, équité et inclusion.
Alors d'ores et déjà
les équipes concernées se mobilisent sur leurs terrains :
"Nous sommes toujours avec vous, où que vous soyez !"
promet l'animateur @radiogrego
qui partage sur ses réseaux sociaux quelques projets pour son émission
pour les jours qui lui restent à @NPR
Comme pour beaucoup de dossiers durant les 100 jours
depuis l’installation de l’administration Trump,
ce sont surtout en réalité
des raisons économiques qui sont mises en avant :
Le décret affirme que si le financement fédéral des médias se justifiait lors de la création du CPB en 1967,
il est aujourd'hui "dans un paysage médiatique riche, divers et innovant ",
donc devenu pour l'administration "dépassé, non nécessaire"
et "corrosif pour l'apparence de l'indépendance journalistique".
Plus de 40 millions d'Américains écoutent chaque semaine la radio publique NPR
et 36 millions regardent chaque mois une télévision locale du réseau de PBS.
La décision de Trump peut encore être contestée au Congrès
puisque le financement est toujours assuré pour l’instant jusqu’en 2027.
Si elle devait toutefois être validée
les deux médias ne seraient que "fragilisés"
car ils ne reçoivent qu'une petite partie de leur financement du gouvernement fédéral …
L’essentiel provient de donateurs et de sponsors.
NPR affirme ne toucher qu’environ 1% de son budget directement du gouvernement fédéral,
et ses 246 institutions membres,
qui exploitent plus de 1 300 stations de radio,
reçoivent en moyenne 8% à 10% de leurs fonds du CPB.
Alors les stations lancent déjà des campagnes pour recueillir des dons comme ici au Texas :
"Soutenez votre radio publique locale !"
La situation est beaucoup plus délicate pour les télévisions locales de service public.
PBS et ses stations reçoivent en effet 15% de leurs revenus des fonds fédéraux du CPB.
La plupart des montants destinés aux médias publics sont alloués aux stations locales,
et servent en grande partie à subventionner la télévision,
bien plus chère à produire que la radio.
Reporters sans frontières dénonce ce vendredi
une "dégradation inquiétante de la liberté de la presse aux Etats Unis"
De vastes régions des USA se transforment en désert informationnel.
Le journalisme local paie le prix fort de la récession économique.
Plus de 60 % des journalistes et experts des médias sondés par RSF en Arizona, en Floride au Nevada, ou en Pennsylvanie
déclarent qu'il est “difficile de gagner sa vie en tant que journaliste”
et 3 sur 4 considèrent que “la viabilité économique d'un média moyen est en difficulté”.
La baisse de 28 places du rang social du pays au classement annuel mondial sur la presse révèle
que l’environnement global des médias est de plus en plus hostile à la presse aux Etats Unis.
Pour Anne Bocandé,
Directrice éditoriale de RSF :
“Garantir un espace médiatique pluraliste, libre et indépendant nécessite
des conditions financières stables et transparentes.
Sans indépendance économique, pas de presse libre.
Quand les médias d’information sont fragilisés dans leur économie,
ils sont aspirés par la course à l’audience,
au prix de la qualité,
et peuvent devenir la proie des oligarques
ou de décideurs publics qui les instrumentalisent.
Quand les journalistes sont paupérisés,
ils n’ont plus les moyens de résister aux adversaires de la presse
que sont les chantres de la désinformation et de la propagande.
Il convient de restaurer une économie des médias qui soit favorable au journalisme
et qui garantisse la production d’informations fiables,
nécessairement coûteuse.
Des solutions existent,
elles doivent être déployées à grande échelle.
L'indépendance financière est une condition vitale
pour garantir une information libre, fiable
et au service de l’intérêt général.”
Thierry Mathieu
e-crossmedia
le 3 mai 2025.
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