« Radio France et France Télévisions vont proposer,ensemble, une offre numérique de proximité ». Roselyne Bachelot veut un rapprochement plus rapide des entreprises de l’audiovisuel public !

«Il faut en penser quoi ?» se demande ce matin sur Facebook un animateur de France Bleu en Normandie qui vient d’apprendre la nouvelle.

Une coordinatrice numérique du réseau des radios locales de Radio France lui répond :

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«N’ayez pas peur !».

C’est en effet toujours la même histoire.

Les gens de radio craignent de tomber sous le joug d’une entreprise de télévision.

C’est regrettable mais c’est un fait : l’image, dans l’inconscient collectif, apparaît plus forte que le son, et quand les 2 activités sont réunies la radio se sent affaiblie.  

Et ce n’est pas propre au service public, c’est la même crainte du côté d’RTL par exemple depuis que la grande station généraliste est intégrée au groupe M6.

Ça concerne l’antenne en premier lieu, mais maintenant aussi le web, évidemment.

 

Du coté du service public, le rapprochement est en marche, et pas seulement depuis l’élection d’Emmanuel Macron.

François Hollande dès le 17 décembre 2013 jette lui-même son pavé dans la mare dans son discours du 50ème anniversaire de la Maison de la radio.

 

"Nous pourrions par exemple imaginer que France Télévision et Radio France puissent un jour assembler leurs contenus internet dans un grand service audiovisuel numérique. Mais, là, je m'aventure peut-être et je préfère ne pas trancher car Radio France, c'est la liberté. La liberté d'expression pour les journalistes ; liberté de création pour les producteurs, les animateurs ; liberté d'imagination".

 

4 ans plus tard, un premier pas est franchi avec la création du média global franceinfo.

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La radio qui porte avec succès cette marque depuis 20 ans forme un couple avec une nouvelle offre de la télé publique, et le site web commun est le joyau de la corbeille de mariée.

L’annonce de la ministre la culture ce mardi au Sénat n’est donc qu’une nouvelle étape qui concerne cette fois l’action régionale du service public.

Roselyne Bachelot demande aux pédégères de Radio France et de France Télévisions d’avancer plus vite dans le rapprochement entre France Bleu et France 3 . Au delà des antenne FM et TNT elle souhaite attaquer le chantier du web.

https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/roselyne-bachelot-annonce-la-creation-d-un-grand-media-numerique-de-la-vie

 

 

 

Car le rapprochement avance tout de même du coté des antennes.

21 matinales du réseau Bleu, soit presque la moitié du réseau, sont d’ores et déjà «filmées» et diffusées de 7 à 9 heures sur France 3.

La dernière ouverture en date , le 12 octobre, concerne le sud de la Franche Comté, depuis Besançon.

https://www.facebook.com/francebleubesancon/videos/4432877903448292

 

 

 

D’ici l’été 7 autres stations devraient bénéficier de ce rapprochement, puis 6 supplémentaires d’ici décembre.

Difficile d’évaluer l’impact de cette co-diffusion en termes d’audience coté Radio France, en revanche les chiffres sont disponibles quotidiennement chez France Télévisions.

Les matinales France Bleu, dans les régions où elles sont retransmises en télé, fidélisent beaucoup plus que les Lapins Crétins, les Dalton ou Titeuf proposés par la chaine régionale.

D’aucuns regrettent d'ailleurs que France Télévisions revienne aux dessins animés partout pendant toutes les périodes de vacances : en réalité c'est un non sens !

 

 

Quoi qu’il en soit ... Qu'il s’agisse d’antenne audio,  vidéo,  ou de web, il est indispensable que les investissements soient identiques de la part de tous les acteurs, et pas que dans la forme.

Dans le fond une réelle coopération entre les équipes est indispensable pour l’éditorial par exemple. Alors que les politiques, eux, voient surtout dans ces rapprochements la perspective d'une rationalisation des moyens, une meilleure rentabilité.

 

Et c’est précisément ce que redoutent les équipes, et pas seulement du côté de la radio.

D'ailleurs, des syndicats se mobilisent déjà contre le projet et le calendrier avancés par la ministre, du coté de FTV.

 

Et puis les équipes de francebleu.fr sont fières à juste titre de leur offre.  La proximité mise en ligne est souvent bien plus perspicace que ce que publie France 3.

D'ailleurs le web de France Bleu  bat en permanence des records d'audience, ce qui n'est plus le cas de l'antenne radio ...

 

Le projet de Holding de l’audiovisuel public porté par l’ancien ministre de la culture ayant avorté, l’actuelle locataire de la rue de Valois tente à sa manière d’avancer tout de même dans le même sens, via un GIE, sur le numérique.

Cette structure préfigure à l'évidence pour beaucoup un rapprochement plus systémique des 2 réseaux à l'avenir.

Encore faut-il que les entreprises parviennent à faire évoluer les mentalités en interne pour que, pas seulement d’un point de vue budgétaire, l’union fasse la force.

Et que l'intérêt de service public prédomine.

Que ce dossier ne soit pas conduit, d'abord, pour servir les enjeux de carrière personnels de telles ou tels dirigeant(e)s !

 

e-crossmedia, le 10 novembre 2021.

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