Radio France et les auditions dans quelques jours pour la Présidence… Et si les territoires et la proximité, en complément du numérique, revenaient au centre de l’ambition de l’Arcom et de la Tutelle ?

 

Sorry its not set :(

 

Le 19 décembre auront lieu les auditions des 3 candidats à la Présidence de l’entreprise de l’audiovisuel public dédiée à la radio.

Par ordre d’entrée en scène, le journaliste Florent Chatain sera le premier à plancher, avant Maïa Wirgin secrétaire générale de la Cour des comptes, puis ce sera au tour de la pédégère sortante Sybile Veil.

Se succèdera-telle à elle-même ?

Dans l’attente de précisions quant à l’avenir du service public de l’audiovisuel maintenant que la redevance a été abolie, les 3 actuelles dirigeantes du secteur en appellent en tous cas à plus de visibilité.

Quid de la pérennité du financement, des contrats d'objectifs et de moyens , et surtout du rapprochement souhaité par les ministères des finances et de la culture ?

 

Durant les 5 années passées, Radio France comme France Télévisions ont su épouser l’époque surtout via le numérique.

Le contexte de contraintes budgétaires a conduit à de réelles optimisations des moyens :

les effectifs ont été réduits comme le demandait la tutelle, et les audiences n’en ont globalement pas souffert :

 

France Télévisions et Radio France affichent globalement de belles performances.

Pour la radio, France Inter s’impose de très loin en tant que leader, et France Info est bien installée sur la 3ème marche du podium.

France Culture, offre longtemps considérée comme élitiste est à un niveau haut historique, tant en FM qu’avec ses podcasts,

et le format FIP, unique au monde, peut s’enorgueillir d’une dynamique et d’un prestige, enviés par beaucoup d’acteurs du secteur.

 

Sorry its not set :(

 

Le bémol à la clé de cette partition qui sonne plutôt juste, c’est l’action régionale.

A e-crossmedia nous continuons à défendre cette énorme valeur ajoutée du service public.

Les missions d’information, de service et de divertissement de proximité sont les seules raisons d’être des radios locales.

Mais elles voient leurs audiences s’affaiblir de vague de sondage en vague de sondage.

Pour nombre d’observateurs, ce réseau de 44 offres de proximité semble, du fait de décisions budgétaires et stratégiques de l’échelon central, s’être éloigné de son ADN, autrement dit de sa mission,

et ce, en dépit de déclarations managériales souvent lénifiantes que les faits démentent régulièrement.

La part des émissions réalisées sur le terrain local s’est réduite d’année en année,

l’antenne étant comblée par des sessions produites depuis Paris, à la manière d’une radio généraliste nationale à laquelle, tel un contresens que nous avons déjà souligné ici, l’essentiel des moyens de promotion est consacré.

 

 

Or si ces 44 offres avaient su conquérir leur public jusqu’à atteindre 8% d’audience au plan national,

c’est que leur promesse de proximités, géographique et affinitaire, les distinguait fondamentalement des autres radios du marché .

Témoin cette communication en presse écrite il y a 6 ans.

Sorry its not set :(

 

Mais un virage pris par l’entreprise depuis quelques années a conduit à un dérapage incontrôlé.

Exemple hallucinant et cruel :  

chaque samedi après midi durant la crise des Gilets Jaunes, les 44 France Bleu n’ont pas pu rendre compte des manifestations qui troublaient leur terrain :

au nom de contraintes budgétaires et de choix éditoriaux imposés par Paris, elles ne pouvaient pas ouvrir leurs antennes.

 

Depuis, la situation a empiré :  

de nombreuses heures d’antennes produites depuis chaque région ont disparu.

Aujourd’hui à 5,1% d’audience moyenne au plan national, force est de constater qu’un tiers du public a déserté ce réseau.

Cette fédération de stations publiques s’en trouve indéniablement affaiblie, bien qu’elle représente toujours, peu ou prou, un tiers de l’effectif de Radio France et un quart de son budget.

Il est clair que l’actionnaire, c’est-à-dire l’Etat, ainsi que l’organe régulateur, ne peuvent qu’y être attentifs s’ils veulent bien rester fidèles au sens du service public et à son cahier des charges !

 

Dans le contexte de nécessaire optimisation des moyens, une actualisation de l’offre s’impose, même si de remarquables avancées ont d'ores et déjà été réalisées sur l’offre numérique.

Elle est indispensable, même si elle est encore incomplète, compte tenu de l’évolution du mode de consommation des médias.

La presse écrite quotidienne régionale très investie que cette diversification  remporte de grands succès depuis des années sur le web.

Le lancement de l’application ICI, commune à France Bleu et France 3, est donc très prometteuse.  

 

Restent les antennes …

En ces temps de globalisation et de recours permanent aux sources d’infos via les smartphones, les citoyens sont aussi paradoxalement demandeurs d’ancrage local, de service de proximité, de reconnaissance territoriale.

 

Sorry its not set :(

 

L’une des solutions envisagées, déjà expérimentée au quotidien d’ailleurs avec la co-diffusion de 27 matinales radio en télévision, est le rapprochement avec la télévision publique régionale.

Optimisation des moyens, diffusion sur plusieurs canaux …

La réflexion est bel et bien engagée, même si une collaboration effective des équipes sur le plan éditorial reste à construire.

Sans dénaturer la raison d’être et la caractéristique de chaque média, des pistes de réflexions peuvent être conduites pour avancer et performer en termes de complémentarité.

L’union peut faire la force, et sans retomber dans une option passéiste que redoutent beaucoup d’observateurs : la reconstitution de l’ORTF !

Sur ce thème, les 3 candidats affichent des options différentes.

L’Arcom et les tutelles y seront-ils attentifs ?

 

Nous verrons vite si cet enjeu crucial du service public de la radio dans les territoires importe aux yeux du régulateur et des tutelles,

ou si, jacobinisme français en bannière, cette mission cruciale du service public continuera à devoir s’éteindre lentement,

étouffée à petit feu dans l’indifférence générale… 

A l’exception des attentes de moins en moins satisfaites de ceux, majoritaires, qui vivent au-delà du périphérique parisien.

 

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia,

le 10 décembre 2022.

 

 

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