Un demi-million d’auditeurs perdus,
en un an :
voilà la donnée essentielle de la dernière vague concernant l’audience de la radio cette saison
publiée ce mardi matin par Médiamétrie.
Jamais ce média n’a été aussi peu écouté...
Parmi les résultats,
l’un des plus glaçants est celui des radios locales de Radio France
à seulement 3,8% en audience cumulée.
La barre symbolique du 4% est franchie ...
Autant dire que jamais ce réseau n’a compté aussi peu de fidèles :
désormais seulement 2,1million,
pour 44 stations
dénommée ICI depuis janvier et désormais fiancées avec France 3.
Une naissance de marque au forceps voulue par la tutelle
qui fait souffrir une part des équipes et les organisations syndicales :
elles s’opposent comme pour toutes les chaînes
de Radio France
mais aussi à France Télévisions
à être unies au sein d’une holding.
Une précision toutefois …
Ce n’est pas le changement de nom récent qui pénalise les stations locales au sondage
puisque Médiamétrie comptabilise toujours au bénéfice du réseau
les sondés qui déclarent écouter
"France Bleu".
Pour nombre d’observateurs
ce sont bel et bien les choix stratégiques,
motivés dit-on par une volonté d’ores et déjà d’économies
avant même un réel rapprochement avec la télévision régionale,
qui sont la cause de la spirale infernale.
Beaucoup retiendront aussi que
c’est au lendemain de l’annonce de l’arrivée sur les 44 antennes de Stephane Bern
chaque matin à la rentrée prochaine
que tombe ce mauvais chiffre d’audience historique.
"L'animateur accompagnera les auditeurs tous les jours
avec une nouvelle chronique quotidienne joyeusement érudite,
à mi-chemin entre le cours d’histoire et la bande dessinée audio"
dit le communiqué publié fièrement par la direction nationale du réseau .
Pour beaucoup, c’est en réalité un symbole !
Toutes les stations n'ont-elles pas
et depuis toujours à l'antenne,
des historiens locaux ?
Au-delà de sa notoriété, de son professionnalisme, et de son empathie avec le public ciblé,
l’arrivée de Stéphane Bern apparaît comme un cas d'école
du renoncement à l'ADN d'ICI :
la proximité.
Puisque l’animateur racontera à la même heure
la même histoire aux auditeurs
qu’ils soient à Bastia ou à Lille, à Nantes ou Besançon
en passant par la Lorraine avec ses gros sabots...
Alors évidemment ...
La proximité affective avec la cible y sera,
à n’en pas douter,
compte tenu de la l’affection qu’ont les auditeurs pour ce grand professionnel
docteur es-patrimoine.
Mais quid de la proximité géographique
qui est la raison même d’exister de ces radios de services publiques crées
il y a maintenant 45 ans.
Promesse de la direction nationale de ICI radio encore …
"Il embarquera les auditeurs dans une véritable machine à remonter le temps…".
En regardant dans le rétroviseur justement
nombre d’ex-collaborateurs qui ne sont pour autant pas passéistes ont en mémoire
le meilleur score réalisé par les radios locales de service public.
L’horloge tourne,
c’était il y a 12 ans :
Une donnée est certaine …
Ce n’est pas le rapprochement avec la TV qui est en cause.
Le projet n’en est, au quotidien, qu’au balbutiement
avec tout de même bientôt la co-diffusion de l’ensemble des matinales radio par la 3 en région.
Le global média souhaité est loin d’être abouti,
contrairement à d’autres offres du même type tant outremer aux 1ères dans le public,
que du coté du privé ou à l’étranger comme en Belgique, en Suisse ou au Canada.
Ce n’est encore,
quasiment,
qu’une captation vidéo
du studio radio.
L'ensemble demeure peu convaincant
puisqu’il ne propose pas encore de complémentarité éditoriale
avec les équipes des télévisions régionales.
La valeur ajoutée de l'image ne saute pas aux yeux.
D'ailleurs,
les audiences sont si modestes que ni côté ni de l’autre de la Seine
elles ne sont communiquées !
A propos la chronique de Stéphane Bern
à la rentrée ,
sera-t-elle enregistrée en vidéo ?
Celà aurait du sens puisque ICI Matin est aussi sensé conquérir le public
en télévision ...
Reste à souligner tout de même qu’un média,
composante d’ICI,
démontre paradoxalement l’appétit du public pour l’actualité régionale :
le Numérique.
La déclinaison "web " de l’offre radiophonique,
elle,
sait aller à la rencontre du public.
Et comme une démonstration par l'absurde, il y a une raison essentielle ...
Elle honore sa promesse en ne traitant que de proximité,
ce qui n’est plus le cas des antennes
qui voient leurs programmes spécifiques grignotés par les productions nationales,
comme celle que proposera Stéphane Bern,
et ses heures de production locales réduites à peau de chagrin.
Le Numérique,
est bel au bien au centre du projet de global média,
sensé épouser l’époque
et répondre aux nouveaux modes de consommation des médias.
Mais, diront certains, ne parlons pas de choses qui fâchent …
Le projet porté par Rachida Dati,
rejeté la semaine dernière
par l’Assemblée nationale
sera sans doute adoubé au Sénat après demain
avant d’être à nouveau soumis fin septembre au Palais Bourbon :
Et les opposants parient sur un nouvel échec...
Mais puisque c’est le média radio qui est aujourd’hui d’actualité,
est-il vraiment toujours
"urgent d’attendre" ?
Comment ne pas comprendre que si les auditeurs se détournent de leurs stations locales,
c’est qu’elles ne sont plus en capacité d’honorer leur promesse de média de proximité
du fait des choix stratégiques imposés par la direction du réseau ?
Et de ce point de vue là,
le projet de global média,
de complémentarité avec la TV
n'y est pour rien !
La proximité est même sa raison d'être !
Sinon …
France Inter, RTL et France Info demeurent sur le podium.
Suivent NRJ et Nostalgie, Skyrock et RMC.
Ensuite,
Europe1 continue à reprendre des couleurs.
Peu de grand bouleversements à souligner sur cette vague de sondage Médiamétrie,
sinon les radios musicales destinées au jeune public
qui pour la plupart sont en difficulté :
leur cible, décidément, délaisse ce média au profit des plateformes.
Une prochaine publication traitera de l’ensemble du marché radio d’ici peu,
sur e-crossmedia.
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 8 juillet 2025.
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