Sorry its not set :(

Gilles Schneider : 55 ans après 68 !

les manifs d'aujourd'hui sont impactées par la technologie,

pour les citoyens, les politiques et aussi les journalistes.

Le numérique dans les cortèges et sur les réseaux sociaux est une donnée nouvelle, essentielle : une révolution.

Entretien avec l'un des reporters en direct sur les barricades au quartier latin lors des évènement de mai, pour Europe 1.

Sorry its not set :(

 

55 ans quasi jour pour jour après le soulèvement des étudiants de la Fac de Nanterre, qui allait ensuite conduire aux évènements de mai,

les manifestations sociales secouent la société française.

Comparasion est-elle raison pour les responsables politiques, les citoyens et les journalistes ?

Témoignage de l'un des reporter qui a marqué l'époque des barricades du Quartier Latin.

D'Europe1 à France Inter puis RFi, mais aussi à l'antenne sur TF1, Antenne 2 et France 2, La Cinq ou M6,

il est l'un des journalistes et l'un des dirigeants d'entreprise de presse les plus respectés.

Coup de fil à Gilles Schneider.

 

 

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"Le métier évidemment a changé et c’est surtout dû aux technologies.

A l’époque, nous travaillons avec des "radiotéléphones".

Ça marche quand ça peut, sans l’assurance d’être au rendez-vous à l’antenne, et puis les batteries pèsent lourd sur les épaules quand il faut cavaler …

Et pourtant nous réussissons à assurer une omniprésence à l’antenne : les programmes sont cassés.

C’est du non-stop, comme les radios et télés d’info continue d’aujourd’hui.

Tant que nous pouvons bénéficier de ces dispositifs de transmission, qui sont à l’avant-garde, les reportages se réalisent sans trop de difficulté."

 

 

Mais quand la situation devient très grave, le gouvernement vous coupe les lignes de ces radiotéléphones...

"Alors, on se débrouille !

Tous les reporters sur le terrain continuent à suivre les manifestations mais pour témoigner en direct à la radio,

il faut toquer aux portes des immeubles et demander aux habitants de nous prêter leur téléphone :

nous n’avons jamais de refus …

Alors, depuis le salon de ces riverains, nous racontons ce qu’on a vu.

Mais le rendu n’est plus le même, il n’y a plus derrière nous l’ambiance de la rue, les clameurs de la foule, les échos des grenades qui éclatent en arrière-plan.

C’est comme si nous nous retrouvons en train de faire un papier en studio.

Nous subissions ce qu’on peut appeler une "censure d’atmosphère" !

 

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Vous avez 25 ans et vous vous retrouvez à raconter les affrontements auxquels vous assistez,

entre des gens du même âge que vous, et les forces de l’ordre …

"Quand débute le mouvement le 22 mars à la Fac de Nanterre, évidemment mon âge fait que le contact est plus facile avec les étudiants.

Mais ensuite, dans les manifs, mon métier de reporter s’impose, d’autant qu’à l’époque cela fait déjà 6 ans que je suis journaliste.

Retransmettre en direct des émeutes dans les rues,

c’est un exercice qui a déjà été éprouvé, avec par exemple le push en Algérie Française.

Julien Besançon, René Duval et d’autres ont déjà ouvert la voie...

Mais comme cette fois ci, l’essentiel a lieu au coeur de Paris,

ce n’est pas tout à fait la même chose…"

 

Par rapport aux scènes auxquelles nous avons assisté ce jeudi 23 mars à Paris, à Rennes ou à Bordeaux …

Quel constat ?

"En 68, les manifestations se déroulent dans un secteur beaucoup plus limité,

mais surtout l’ambiance est beaucoup plus violente.

Aujourd’hui nous assistons à des défilés à 99% formés par des français qui viennent clamer leur revendication citoyenne, même si malheureusement des black block se greffent aux manifs.

Ceux-là viennent pour casser du flic …

Alors bien sur de la même façon, de dangereux incendies sont déclenchés aujourd'hui comme hier par les manifestants .

 

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En 68, à part le jour du grand défilé des syndicats qui a traversé la capitale le 13 mai et qui s’est déroulé dans le calme,

il s'agit essentiellement d'une révolte de jeunes ?

"Il y a de réelles barricades constituées de pavés, de voitures, de grilles, et même de troncs d’arbres sur le boulevard Saint Michel.

Le quartier Latin est devenu une nasse, toutes les petites rues adjacentes sont investies …

Et puis les policiers ne sont ni formés ni équipés comme aujourd’hui.

Ils ne portent pas de "battle dress",

mais ils interviennent en uniforme avec cravate, les mêmes que quand ils régulent la circulation.

Simplement, ils ajoutent un imperméable noir pour protéger leurs habits.

Les CRS et les gendarmes eux, en plus de leur tenue habituelle, n’ajoutent qu’un casque sur leur tête et sont porteurs de grenades qui, déjà, piquent fortement les yeux !

En 68, les policiers parisiens n’ont pas une grande expérience de ce genre d’émeute.

Même si certains gendarmes sont intervenus tout de même à Alger et à Oran."

 

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Aujourd’hui les forces de l’ordre, comme d’ailleurs les manifestants, communiquent via la 4G avec des oreillettes, des smartphones.

Ils publient également sur les réseaux sociaux, ça change la donne ?

"Effectivement, et c’est parfois grave !

Evidemment, chacun peut faire un témoignage …

Mais pour une partie du public l’analyse de "Monsieur Dupont" a autant de valeur que celle d’un éditorialiste chevronné !

Pourtant, lui le professionnel, a tout de même vu beaucoup de choses.

Il a une culture, connaît la politique et les rouages.

Avant d’écrire un mot sur son papier il réfléchit, qu’il soit engagé ou qu’il ne se limite qu’au factuel.

Mr Dupont pour sa part n’a pas ce "back-ground"...

 

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C’est un métier le journalisme !

On apprend à observer, à analyser, à prendre du recul.

Il s’agit de restituer avec la plus grande honnêteté ce que nous avons vu ou ressenti.

Cela n’a rien à voir avec quelqu’un qui communique dans l’émotion, ou pire, avec des intentions mensongères, calculées.

 

Il n’y a pas si longtemps, cela donnait lieu à des tracts.  

Ils étaient signés par des syndicats ou des organisations politiques.

Aujourd’hui le web, sous couvert d’anonymat, permet à tout le monde de publier tout et n’importe quoi.

Ce qui est grave, c’est que beaucoup de gens considèrent s’informer en les lisant ou en visionnant leurs vidéos.

Alors que ce sont à 90% si ce n’est plus, des fake-news."

 

 

Thierry Mathieu,

Président d’e-crossmedia,

le 24 mars 2023.

 

 

 

 

 

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