Sorry its not set :(

 

Burkina-Fasso :

quand informer devient un danger...

Les rares journalistes correspondants de médias français encore présents se demandent jusqu’à quand ils pourront accomplir leur mission sans mettre en danger leur propre intégrité.

Témoignage du correspondant de France 24.

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La France, comme ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina Faso après avoir été rejetée déjà du Mali voisin.

La dégradation de la situation sécuritaire dans le pays, dénoncée par notre ambassadeur, a mis le feu aux poudres entre Paris et les autorités dites "de transition" .

Après plusieurs coups d'états successifs, la junte au pouvoir demande le retrait de nos troupes du pays d’içi un mois.

Le Président Macron attend "des clarifications".

 

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Coup de fil ce dimanche soir, au correspondant - Journaliste Reporter d’Images - de France 24.

Il a été reporter pour Liberté FM, première radio privée généraliste de Guinée,

et "fixer" pour plusieurs médias dans son pays natal (AP, Le Monde, France 24), avant de rejoindre la rédaction du Journal de l'Afrique en 2014.

Bangaly Touré, en direct de Ouagadougou :

 

"La situation devient très délicate …

L'ambassadeur de France est désormais "persona non grata", les 400 soldats de nos troupes tricolores sont invités à quitter le pays d’ici un mois, RFI est suspendue …

En revanche France 24 est toujours diffusée.

Nous, les très rares correspondants, seront bientôt les derniers représentants de notre pays !

 

Le problème c'est la junte militaire qui n’arrive pas à distinguer l’état français, des médias français : pour eux c’est la même chose !

La question est donc :

comment puis-je  avoir une place içi comme professionnel, indépendant par nature comme tout journaliste, 

même si je suis salarié d'une entreprise de service public ?

France Médias Monde n'est pas affiliée au pouvoir, je ne suis pas en charge d'être la voix de l'Elysée, mais les autorités locales ne l'entendent pas !

 

J’ai d'ailleurs sous les yeux une convocation, reçue ce dimanche.

Je dois me présenter mardi devant le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel burkinabé pour rendre compte de mon travail.

Ce ne sont même pas les infos que nous diffusons qui les préoccupent le plus...

Ils se disent : "Qu’est-ce qu’il y a derrière, pourquoi ils ont écrit çà ?"

Chaque phrase, chaque mot est scruté à la lettre.

Les autorités soupçonnent que nous soyons, nous correspondants, acteurs d’un vaste complot."

 

 

Votre position et celle de vos confrères représentants des médias français devient périlleuse …

Au-delà de votre mission d’informer, c’est sans doute votre avenir personnel qui est à considérer,

à mettre dans la balance …

"La rédaction à Paris est extrêmement consciente de ce contexte qui devient très délicat.

Quand je leur ai envoyé la convocation que je viens de recevoir pour mardi, ma hiérarchie m’a d’emblée fait savoir que la priorité c’est ma sécurité.

Toute la rédaction est consciente que nous sommes dans une posture très délicate.

Cela devient dangereux pour nous, et pas seulement pour nous même. En vivant içi, nous avons des amis, nous avons des collègues ...

Chaque jour que Dieu fait la situation devient de plus en plus blessante et surtout menaçante..."

 

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Photo

 

Comme cela s’est passé au Mali d’où sont déjà parties les troupes françaises,

il se dit que les milices russes de Wagner noyautent le terrain et qu’un rapprochement avec Moscou est régulièrement évoqué …

Le Premier ministre burkinabè Apollinaire Kyélem de Tembela a d’ailleurs rencontré l'ambassadeur de Russie Alexey Saltykov dans ce sens il y a quelques jours ...

"La montée en puissance des russes, voire plus discrètement d'autres pays comme les chinois est indéniable …

La population est manipulée par des forces extérieures auxquelles la junte ferait désormais confiance…

 

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En tous cas ...

Il y a un mouvement anti-français qui s’installe, à tort ou à raison, qui est alimenté par des réseaux difficiles à identifier avec certitude.

Les rassemblements populaires contre la présence militaire française se multiplient surtout depuis que l’Agence d’Information Burkinabé, l’AIB, a acté la demande de retrait de nos troupes dans un délai d’un mois.  

J’ai choisi moi-même de ne pas couvrir ces manifestations qui dénigrent globalement notre pays, la France.

La question est désormais :

sera-t-il encore possible longtemps de rester içi, et surtout pour quoi faire ?

Peut-être serait-il plus efficace de travailler de l’extérieur pour être en sécurité, et continuer à diffuser des informations que nous récolterions à distance …

Nous déciderons rapidement, en fonction de ce qu’il se passera ce mardi, lors de la convocation …"

 

Thierry Mathieu,

Président d’e-crossmedia

le 22 janvier 2023.

 

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