Chido, comme Hugo il y a 35 ans aux Antilles : Le rôle vital de la radio ... si les émetteurs résistent ! Entretien avec Christian Bataille, journaliste à RCI Guadeloupe au cœur de l’ouragan en 1989.

Chido et ses conséquences dramatiques à Mayotte :

ses victimes impossible encore à comptabiliser

et l’archipel dévasté …

7 habitants sur 10 sont impactés.

Alors que le Président de la République y est attendu ce jeudi,

ce cyclone est considéré comme l’un des plus violents à s’être abattu sur un territoire français.

Comme il y a 35 ans ...

Hugo déferle sur la Guadeloupe La Désirade et Marie-Galante.

Par miracle, quelques émetteurs FM résistent,

seulement ceux d’RCI.

Coup de fil à Christian Bataille, qui y est journaliste à l’époque …

"Quand je vois les images de Mayotte, je me dis que finalement tous les cyclones se ressemblent.

Mais les conséquences du passage de Chido me font surtout penser à Luis en 95

qui avait dévasté Saint Martin au nord de la Guadeloupe.

Parce qu'il y avait aussi des bidonvilles où habitaient des travailleurs haïtiens clandestins,

comme sur l'archipel de l'océan indien.

Du coup, on n'a jamais vraiment su combien il y a eu de victimes".

Classé en catégorie 5,

avec des rafales extrêmes à 300 kilomètres heures,

le bilan d’Hugo en 89 est resté en fait relativement modéré :

11 morts …

"Parce que le cyclone est arrivé la nuit.

Vu que la journée précédente tout était calme avec un beau soleil,

les gens n'y croyaient pas

mais ils sont tout de même restés chez eux.

Malgrès tout, certaines cases ont été détruites totalement,

comme celle de mon voisin qui venait de pendre sa crémaillère !

Son habitation, pourtant, était en dur ...

Elle n'a pas résistée".

Selon Timo, l’animateur au micro cette nuit là,

l’équipe ne réalise pas ce qui lui arrive …

Il le raconte à l’antenne en septembre dernier

lors d’une émission spéciale diffusée pour le 35^ème anniversaire du cyclone.

"J'étais à la station et en effet avant l'arrivée du cylone,

nous étions loin d'imaginer ce que celà allait donner.

Mais on l'a vu venir !

Et je me souviens d'ailleurs être au téléphone avec un habitant de la Désirade,

à l'est de la Guadeloupe,

par où arrivait Hugo.

Subitement la communication a été interrompue..."

Au plus fort de l'ouragan en pleine nuit,

Philippe Cuirassier sort pour réalimenter le groupe électrogène de la station.

La situation était dantesque …

"C'était comme si des coups de marteau étaient frappés sur les vitres.

Nous les avions juste renforcé avec du scotch, mais ça a suffit :

miraculeusement elles ont tenu ! "

Et par miracle,

ce qui ne s’est pas produit le weekend dernier à Mayotte,

les émetteurs d’RCI tiennent le coup,

même si le responsable technique se souvient de sa tournée d’évaluation du matériel au matin

quand l’ouragan est parti.

En particulier sur les pentes du volcan de la Soufrière …

Gérard Desvignes :

"Au matin, nous sommes sortis en reportage pour évaluer les dégats : c'était un paysage de guerre ....

Il n'y avait pas grand monde dans les rues,

la préfecture avait interdit de sortir, surtout pour éviter les pillages."

Et dès le lendemain du cyclone,

la station participe rapidement à la distribution des premiers secours dans les campagnes

comme ici Jude Sahaï à Saint-François

comme le montre cette photo publiée par France Antilles.

"Le directeur de la station et le cadre en charge de la pub ont eu l'idée de lancer à l'antenne les collectes de dons,

de l'eau , des vivres...

Entre 2 reportages nous allions chercher des fruits chez des cultivateurs.

La cour de la station ressemblait à un supermarché où les gens venaient s'approvisionner.

Mais nous avons dû contrôler car certains prennaient par exemple 2 packs d'eau

et allaient les revendre ! "

Ces souvenirs vous font penser évidemment aux confrères

journalistes, animateurs et techniciens à Mayotte !

" Oui, et même si les conditions de travail sont très difficiles,

je leur conseille d'en profiter, d'y aller à fond.

C'est une expérience humaine et professionnelle unique ! "

RCI, avec Hugo cette nuit là,

a conquis le public.

Depuis elle demeure très largement leader du paysage audiovisuel guadeloupéen.

Thierry Mathieu,

e-crossmedia,

le 18 décembre 2024.