Daryna,
Journaliste de Kiev à Gueret

 

Daryna est étudiante en 4eme année de journalisme à Kiev. Depuis 6 jours elle est arrivée en France et est « réfugiée » en Creuse. A 21 ans, elle est hébergée dans un premier temps à La Souterraine, mais devrait rapidement s’installer à Guéret où se trouve les studios de France Bleu Creuse, tout en poursuivant ses études à distance grâce à Internet.

Sophie Peretti, rédactrice en chef :

« Daryna a déjà été l’invitée de notre matinale à 8 heures 10 ce lundi 14 mars, et elle va rester au sein de l’équipe pour un stage à la rédaction de France Bleu Creuse. D’ores et déjà nous cherchons des financements pour qu’elle puisse travailler bien plus longtemps avec nous, car pour l’heure un mois seulement est prévu. Elle se sentira chez elle d’emblée, une large partie de nos programmes, pourtant locaux, sont consacrés à la tragédie qui frappe son pays : le drame ukrainien s’est imposé à nous avec, d’emblée, la mobilisation spontanée des gens, leur émotion, une manifestation à Guéret, l’organisation de collectes y compris par des collégiens. Les collectivités locales, comme les services de l’état ont emboîté le pas aussi dès les premiers jours. En temps normal la Creuse accueille entre quinze et vingt jeunes Ukrainiens en moyenne chaque année.

 

Quelle incidence à l’antenne depuis le début de l’invasion russe le 24 février ?

Évidemment nous diffusons depuis le 1er jour du conflit, dans le cadre de nos journaux, les reportages réalisés par les envoyés spéciaux du groupe Radio France sur les différents théâtres d’opération. Mais surtout, nous les complétons avec notre regard, les conséquences dans notre département, des illustrations sur notre terrain : c’est notre raison d’être : nous sommes un média de proximité !

 

De fait, vous êtes même un pluri-média de proximité maintenant …

La radio, qui fêtera ici ses 40 ans cette année est leader en termes d’audience depuis sa création. La radio c’est notre ADN. Mais elle est enrichie maintenant par notre site internet et les nombreuses publications quotidiennes : nous pouvons sur le web détailler par exemple des infos pratiques ou des contacts, des coordonnées, en ce qui concerne les collectes ou l’organisation de l’accueil des réfugiés. Ces infos sont actualisées régulièrement, sont consultables en permanence par les internautes alors que par définition, ce que nous disons au micro es fugitif. Le web nous permet évidement de partager des photos prises en reportage par nos collaborateurs. Et puis nous sommes très suivis aussi maintenant, en streaming sur notre site, et à la télévision puisque notre matinale est co-diffusée par France 3 depuis plus de 2 ans maintenant.

https://www.francebleu.fr/emissions/la-matinale-de-france-bleu-creuse-en-video/creuse 

 

Dans le fond : quelle incidence sur votre ligne éditoriale ?

La Une ce lundi au journal de 7 heures est consacrée à la fin du masque obligatoire, c’est la vie concrète de nos auditeurs, mais ensuite une large partie de l’édition est consacrée à la guerre. Il y a l’émotion de chacun, recueillie sur le terrain par nos reporters ou dont témoignent les auditeurs au standard. Nous relayons les initiatives qui prospèrent sur tout notre territoire, les opérations de solidarité … Et puis il y a les conséquences qui touchent tout le monde. Par exemple, la hausse des prix des carburants qui avait débuté avant l’attaque russe, mais les prix n’ont cessé de flamber en impactant les agriculteurs, les transporteurs, les infirmières comme les aides à domicile : c’est aussi le quotidien des gens !

Nous sommes un média « généraliste de proximité », nous informons donc nos auditeurs sur l’évolution des événements là-bas, mais notre valeur ajoutée reste la proximité. Il ne faut jamais s’en écarter. C’est d’ailleurs la problématique que nous nous posons chaque jour en conférence de rédaction quand nous choisissons les sujets qui composent nos éditions, d’autant que j’ai la chance de diriger une équipe de jeunes journalistes. Ils sont passionnés par leur métier, et évidemment sensibles aux événements que transmettent nos collègues sur ce théâtre de guerre : ils ont l’oreille collée à France Info. Sur notre terrain ici en Limousin, ils déclinent ces faits tragiques à 2600 kilomètres d’ici dans les conséquences qu’elles ont sur notre vie. Même si ce n’est plus le slogan de France Bleu depuis des années, nous continuons en fait à mettre en œuvre la formule « Vu d’ici ».

 

e-crossmedia

le 14 mars 2022

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