"Destination Paris", le nouvel album du violoncelliste Gautier Capuçon sorti ce vendredi. Son ambition, comme chaque jour à la radio : rencontrer tous les publics ! Entretien.

A Lviv pour un concert surprise après les premières frappes russes l'an dernier,

comme sur la scène de Carnegie Hall à New York il y a quelques jours,

il a toujours la même approche :

aller à la rencontre du plus large public.

Avec son nouvel album, le violoncelliste virtuose entend une nouvelle fois partager sa passion pour la musique,

comme il le fait depuis 5 ans déjà chaque jour en fin d'après midi sur Radio Classique .

Coup de fil à Gautier Capuçon :

"Quand Radio Classique est venue me proposer de faire cette émission,

j'ai adoré l’idée.

D’abord parce que j’aime apprendre …

Une vie ne suffit pas pour explorer, s'enrichir, réfléchir et savoir parler au public avec une voix différente, sans mon violoncelle,

ça a été pour moi un exercice nouveau !

Alors depuis 5 ans j'apprends,

j'apprends tous les jours et je trouve ça absolument passionnant ! "

La crise de la pandémie a été très importante ...

"C’est au moment du confinement que j'ai vraiment pris encore beaucoup plus conscience de ce lien très fort avec le public

qui se construit aussi.

Du jour au lendemain toute la planète a été fermée.

On pensait que c'était quelque chose d'absolument inimaginable et qui n'arriverait jamais.

Ca nous fait prendre conscience aussi que ce n’est pas acquis d'avoir des concerts, d'aller au théâtre tous les soirs, d'aller assister à un spectacle vivant.

Je pense que ces moments sont extrêmement précieux.

C’est comme quand on est sur scène pour un concert, on partage les émotions.

Il ne s’agit pas de jouer tout seul dans sa bulle avec simplement des mélomanes qui écoutent dans la salle.

C’est la même chose à la radio !

Même si on est en studio face au micro, on sait qu’on parle avec les auditeurs

et qu’on partage des émotions avec eux.

C’est un vrai voyage que l’on fait ensemble."

Alors de la même manière que vos collègues d’antenne,

comme Christian Morin ou Elodie Fondacci, vous racontez les histoires de la musique,

celles des compositeurs mais aussi celles des interprètes

et en particulier les jeunes dont vous diffusez les enregistrements …

"Je suis investi dans l'éducation, la transmission depuis une quinzaine d'années.

Alors effectivement, démocratiser dans le bon sens du terme la musique classique,

avec toujours une exigence de qualité pour ne pas dire d’excellence, c'est essentiel.

Il est très important qu'elle puisse toucher le plus possible de monde …

Beaucoup de gens ont pourtant encore cette impression

et se disent qu’ils ne peuvent pas aller au concert parce qu'ils ne la connaissent pas.

Alors il faut rappeler qu'elle est accessible à toutes et tous.

C'est comme quand on va voir une exposition de peinture ou dans le domaine de la littérature, qu’on se plonge dans un livre.

Et pour cela, il faut aller vers les gens.

C’est la même démarche avec la tournée "Un été en France" que j’organise avec mes amis."

"Depuis 3 ans déjà, nous allons parfois dans de toutes petites communes pour y donner des concerts gratuits.

Ce sont des rencontres extraordinaires avec les habitants qui parfois assistent à un concert pour la première fois !"

C’est un peu la même idée avec ce nouvel album "Destination Paris".

Il y a une démarche de marketing vertueuse :

autour d’un thème susceptible de séduire un large public,

rendre accessible au plus grand nombre des œuvres classiques …

"En effet !

Alors là, on continue l'exploration du répertoire autour du violoncelle au sens large,

classique, mais pas seulement :

des œuvres symphoniques, des airs d’opéra,

mais aussi de la chanson française et des musiques de films."

"J’ai déjà enregistré plusieurs albums avec ces arrangements qui mettent en avant mon instrument,

le violoncelle.

Ce sont des adaptations que nous imaginons avec mon complice et ami, le pianiste Jérôme Ducros.  

Le fil rouge de ce nouvel album, c’est la France

et plus précisément Paris puisque nous allons accueillir les Jeux Olympiques l’été prochain.

Ce sont de grandes musiques, des adaptations de grandes chansons, de célèbres bandes originales de film,

toutes en lien avec Paris.

Chacun de ces morceaux raconte évidemment une histoire différente,

mais c’est le fil conducteur."

Le 26 juillet dernier, à un an tout pile  des JO,

vous avez d’ailleurs joué "La foule"  de Piaf devant la basilique de Saint Denis.

En espérant une trêve olympique l’an prochain,

l’actualité est particulièrement terrible …

"Justement,

on a tous encore plus besoin de la musique, avec son langage universel.

Elle n'a pas de couleur de peau, n'a pas de religion …

Je pense que c'est extrêmement important.

On peut dialoguer en musique, quelle que soit son origine, c'est un langage de paix.

Donc oui, je pense qu'on a plus que jamais besoin de musique

et de culture bien sûr !"

Thierry Mathieu,

e-crossmedia,

le 4 nobembre 2023.