Sorry its not set :(

Duel de discours ce mardi,

alors que le conflit se durcit sur le terrain.

6ème entretien de notre série "L'Ukraine un an après ".

Entretien avec l'un rares des journalistes français qui a interviewé Poutine :

Darius Rochebin, LCI.

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Jusqu'au 24 février, une semaine d'interviews exclusives, sur e-crossmedia.com :

"L'Ukraine, un an après ...".

Bataille de discours : Biden en Pologne ce mardi après sa visite suprise à Kiev,

et Poutine chez lui en Russie ...

 

6ème volet de notre série d'entretiens avec les pros de radio, télé, presse écrite :

Coup de fil à Darius Rochebin, LCI :

 

"Il y a visiblement une demande très forte du public pour une information de qualité sur le sujet …

Et cela va au-delà du conflit lui-même.

Les émissions au cours desquelles nous évoquons la Russie évidemment, mais aussi l’Inde, les Etats Unis et la Chine, donc toutes les évolutions géopolitiques, sont celles qui enregistrent les plus fortes audiences.

Je pense que cela renvoit à des questions qui sont aussi françaises.

Le lien de la France avec les USA est omniprésent dans les discussions politiques sur l’Ukraine …

Entre ceux qui estiment que Washington est le défenseur du monde libre, ceux qui à l’autre extrême pensent qu’il doit y avoir une forme d’indépendance complète à son égard et entre deux toute la gradation des positions.

On voit bien que ce sont des sujets qui ont des impacts très nationaux.

Celà touche à la souveraineté et à la mondialisation, et se reflète dans le cadre des débats sur la guerre.

 

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Les partis pris les plus audibles sont ceux des partisans de l’alliance avec les Etats Unis, comment pour autant garantir le pluralisme à l’antenne ?

Ce qui compte pour nous d’abord c’est de rappeler la réalité des positions. Il y a un agresseur et un agressé, c’est factuel.

Mais il ne s’agit pas pour autant d’être le portevoix de tous les points de vue de façon mécanique.

Nous ne renvoyons jamais par exemple dos à dos l’Ukraine et la Russie, il est essentiel de faire valoir la diversité des opinions, voilà pourquoi il y a souvent en plateau des débats passionnés.

Qu’il s’agisse de l’indépendance énergétique avec la question du gaz, ou globalement de l’avenir de nos relations avec la Russie, nous sommes attentifs à rester très pluralistes dans notre approche.

 

 

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Depuis bientôt 364 jours l’antenne est presque intégralement dédiée à ce dossier.

Comment faire pour échapper au risque de devoir alimenter un feuilleton, coute que coute même si l’actualité du jour n’est pas marquante …

En cherchant toujours de la valeur ajoutée, même si le même angle peut être traité plusieurs soirs de suite.

Je suis surtout très attentif à ne pas tomber dans le travers de la prévision, pour ne pas dire de la prédiction.

Il faut éviter tout ce qui relève de l’hypothèse et s’attacher aux éléments objectifs.

Il y a eu une période par exemple, durant laquelle on entendait des propos échevelés du style "Poutine est-il malade, a-t-il un cancer ou la maladie de Parkinson ? "

En réalité, personne n’en sait rien.

Il est indispensable de freiner les ardeurs sur ce type de sujet puisque la qualité de l’information est très faible.

En revanche, il faut travailler les thèmes sur lesquels nous disposons de suppléments d’info avérés, vérifiés.

En cela, la présence à l’antenne à nos côtés de généraux est extraordinaire.

Leur expérience, leur maitrise des questions militaires font qu’ils sont devenus au fil des semaines des pilliers essentiels de nos émissions.

 

Et puis il y a ces interviews de chefs d’états que vous avez réalisé au fil des semaines, comme celui avec Vladimir Poutine ou Volodymyr Zelensky …

Le but ce n’est pas simplement de décrocher ce type d’entretiens, mais surtout qu’ils apportent des valeurs ajoutées, et alimentent le débat, la réflexion.

Il s’agit, même avec ces acteurs politiques de premier plan d’avoir une discussion de fond qui sorte un peu de l’actualité très immédiate.

 

Voir la vidéo complète ici : 

https://www.tf1info.fr/international/exclusif-le-president-ukrainien-volodymyr-zelensky-invite-exceptionnel-de-darius-rochebin-vendredi-sur-lci-2242050.html

 

Bien avant cette crise, alors que j’étais jeune pigiste, j’avais réalisé des interviews avec Yasser Arafat dans le camp palestinien, et Yitzhak Shamir côté israélien.

Et déjà, j’avais compris que même avec ce type de personnalités, il est possible de mener des discussions en développant des sujets de fond qui dépassent l’actualité brulante.

Et vous aimez vous référer à l’histoire …

Oui, cela me passionne et c’est vrai qu’il y a quelque chose de sidérant dans la continuité historique !

Par exemple, l’opposition absolument déterminée des anglais et des russe ...

Alors qu'entre la France et la Russie, il y a beaucoup plus d’ambiguïté et même d’ambivalence, même dans l’opposition.

C’est le type de réflexion qu’il est intéressant de travailler pour comprendre ce que sont les lignes de continuité, mais aussi d’évolution.

On voit, içi en France, des gens qui étaient très anti-communistes mais qui sont devenus poutiniens.

Il y a aussi ceux de gauche qui étaient très critiques à l’endroit de la Pologne, et qui s’en sont rapprochés puisque Varsovie est désormais un allié très solide de Kiev.

 

 

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Chacun sait que vous êtes suisse d’origine …

Est-ce que c’est une marque de fabrique qui influe sur votre pratique du journalisme ?

La Suisse étant un pays neutre, elle a pu avoir au fil de l’histoire un positionnement d’observateur et une approche réellement plus éloignée.

La France, elle, a souvent été impliquée dans les guerres, et donc a cette culture d’engagement qui impacte la conscience collective.

Très vite, lorsque les soldats français sont engagés sur les théâtres d’opération, l’opinion publique se positionne globalement derrière le drapeau tricolore.

Ce n’est pas le cas sur le dossier ukrainien,

mais on a pu l’observer récemment en Afrique avec les militaires qui se sont sacrifiés pour lutter contre les jihadistes.

Même en restant très objectif, on a bien senti quand on a traité ces évènements, que la sensibilité en France a été différente de celle ressentie en Suisse…

 

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Mais une autre de vos origines vous influence fortement aussi à l’occasion de la couverture de ce conflit …

Oui, mon père était iranien.

Ces derniers mois je revis à travers sa mémoire beaucoup d’ambigüités, puisqu’il était de ces iraniens très critiques à l’égard de l’impérialisme britannique :

les anglais étaient assez mal vus par sa génération …

Mais en même temps, ils représentaient le camp de la liberté.

Il y avait donc un mélange d’antipathie et d’admiration pour le grand empire !

On retrouve ce type d’ambivalence aujourd’hui où, au-delà de l’affrontement basique entre les puissances, il y a parfois beaucoup de l'ambiguïté dans nos rapports avec les Etats Unis ou la Chine …

En fait, je suis très sensible à ce qu’on nomme les "zones grises".

C’est le cas par exemple en Russie où une partie de la population n’est pas absolument pro ou anti Poutine :

c’est souvent un mélange des deux.

Certains peuvent être séduits par l’ordre qu’il avait instauré au début de son règne et contre la guerre aujourd’hui.

Cela rend la pratique journalistique plus intéressante et plus sensible à explorer, plutôt que de se limiter à caricaturer les opinions, que ce soit en Ukraine ou ici. "

 

Demain , en direct de Kiev :

Ben Barnier, reporter France Télévisions.

 

Pour lire les 6 interviews précédentes de cette série "Ukraine, un an après " :

https://www.e-crossmedia.com/interview/

 

 

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia,

le 21 février 2023.

 

 

  

 

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