Sorry its not set :(

 

"Est-ce que quelqu’un m’entend ?

Je pense que oui …"

Un livre de poésies,

une évasion salutaire issue de l’actualité,

que publie aujourd’hui le journaliste écrivain,

ex-star de l’info sur la 2.

Entretien avec Claude Sérillon.

Sorry its not set :(

 

Hier mardi 15 août, lorsque nous prenons rendez-vous pour cet interview,

personne n’est encore au courant du décès de Gérard Leclerc dans le crash de son avion en Loire Atlantique.

L’objet de notre rendez-vous est donc la parution de son recueil de poésie,

mais ses premiers mots vont naturellement à son confrère de la télévision,

comme lui, figure marquante durant des années sur la 2.

 

Coup de fil à Claude Sérillon.

"Gérard avait une très grande élégance intellectuelle, avec ses fidélités, ses convictions.

Nos chemins ont largement divergé, mais à chaque fois qu'on se retrouvait, il y avait vraiment un plaisir partagé.

Nous avions les mêmes fondamentaux,

il cherchait toujours à vérifier les faits,

à les contrebalancer,

à essayer de les mettre en perspective.

 

C’était infiniment agréable de bosser avec lui,

il a beaucoup apporté au service économique de la 2,

et puis ensuite au service politique.

Toujours, il demeurait très attentif à l'actualité,

et aux gens donc..."

 

Sorry its not set :(

 

Le grand public vous connaît tous les deux avec vos rires à l’antenne,

et chacun vos formes de générosité.

Les téléspectateurs se disent qu'en dehors du plateau vous deviez partager des moments de franche complicité ?

" Oui !  

Y compris durant les soirées électorales.

II était souvent en charge des commentaires politiques pendant ces émissions que je présentais.

On se voyait beaucoup moins depuis quelques temps, mais on était restés amis. 

Gérard était quelqu'un un peu secret.

Il affichait souvent un sourire d'une grande élégance,

il aimait bien la "bonne" vie, la vie sportive,

les choses drôles...

 

Alors, venons-en à votre livre, qui était à l'origine l'objet de notre rendez-vous ...

Dans ce nouveau livre, je commence par un long texte qui montre une forme d'ambiguïté :

l'équilibre nécessaire entre ce qui reste de mon métier de journaliste, c'est à dire

observer l'actualité, y être sensible, ému, touché voire révolté par certains faits, être en veille à propos de ce qu’il se passe dans le monde,

et en même temps, devoir concilier ce besoin de m'évader via la poésie !

J’écris d’ailleurs un texte à ce propos en introduction de ce nouveau livre :

je reste un journaliste,

mais la poésie permet d'élargir mes horizons !"

 

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L’un des thèmes de l’actualité qui vous frappe le plus, et que vous partagez sur vos réseaux sociaux, c’est celui du drame des réfugiés …

"Je n'ai jamais fait ce métier de façon neutre, j’ai toujours pensé qu'il fallait faire part de ses émotions…

Donc ce qui se passe en Méditerranée ou en Manche, entre les Hauts de France et l'Angleterre, est une tragédie journalière qui semble pourtant ignorée,

tant par les gouvernements que par les médias.

D’ailleurs le titre du livre m’a très simplement été inspiré par cela :

"Est-ce que quelqu'un m'entend ?".

C'est une phrase qui m'est venue en voyant également des images terribles,

comme celles du séisme en Turquie.

Il y a eu énormément de morts,

des gens qui sont restés sous les ruines.

 

Sorry its not set :(

 

D’où mon interrogation :

"Est-ce que quelqu'un m'entend ?"

 

J'ai donc consacré ce recueil de poèmes à la manière qu’on a de s'écouter et de s'entendre,

de faire attention aux autres,

d'être à hauteur d'homme pour essayer de se parler.

 

Par nature, je suis plutôt quelqu'un qui voit le verre à moitié plein, même si l'actualité est souvent totalement désespérante.

Il faut, grâce à l'écriture, sans arrêt se dire :

continuons à avancer,

la vie est un épisode assez court !

Quelque fois, ça peut s'arrêter brutalement, comme on le vit depuis 24 heures avec Gérard Leclerc …

 

Mettons des mots sur ce que l'on ressent,

des interrogations,

rédigeons des vers pour que ceux-ci puissent être repris par d'autres.  

Il y a une capacité de la poésie à faire sens,

on écoute un peu plus les mots que lorsque qu’on regarde un journal télévisé.

J'ai travaillé en m’appuyant sur cette réflexion là…"

 

Sorry its not set :(

 

D’illustres poètes comme Cocteau, Baudelaire, ou Aragon ont été journalistes …

"Ce sont des gens de l'art, de la poésie bien évidemment ou de l'écriture,

qui ont aimé toucher au monde du journalisme.

Moi-même je ne suis que quelqu'un qui écrit,

mais tous les grands écrivains,

Victor Hugo ou Balzac aussi, ont été feuilletonistes,

ils étaient payés à la page.

Ecrire tous les jours un petit peu sur ce qui se passe dans le monde,

ou ce qui se passe chez soi,

fait que de temps en temps, il y a une propension à vouloir aller au-delà de la description de la réalité,

pour être dans un registre plus intimiste.

Et la poésie, c'est ça,

c'est un registre plus intime !

C’est une pratique plus privée,

plus personnelle, donc plus sensible.

Les livres de poésie permettent un lien singulier, bien plus fort avec le lecteur."

 

Sorry its not set :(

 

"Est-ce que quelqu’un m’entend ?

Je pense que oui …",

de Claude Sérillon, disponible dès aujourd'hui 16 aout, aux éditions Atelier BAIE.

 

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia,

le 16 aout 2023.

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