"Je suis venue te dire que je m'en vais ... ". Disparition ce dimanche de Jane Birkin. Entretien avec Elodie Suigo, France Info, qui se souvient avec émotion de ses interviews avec la muse de Serge Gainsbourg.

Hommage à Jane Birkin sur France Info toute cette semaine.

La chanteuse est décédée ce dimanche matin à son domicile parisien à l'âge de 76 ans.

La radio d'info continue de Radio France rediffuse la série d'entretiens enregistrés il y a 2 ans, presque jour pour jour.

8 fois par jour cette semaine,

les mélomanes attachés à la muse de Gainsbourg peuvent la réécouter au micro d'Elodie Suigo.

Coup de fil à Elodie Suigo, qui a donc tant de souvenirs d'interviews avec elle :

"Jane était vraiment totalement accessible,

jamais un regard malveillant envers qui que ce soit …

Elle prenait systématiquement le temps de répondre à chacun et chacune,

de réfléchir aussi aux questions qu'on lui posait …

C'était une femme qui donnait envie et elle a su la transmettre à beaucoup d'autres femmes.

Elle avait les atouts, les connaissances et le vécu pour pouvoir perdre pieds ...
Mais jamais elle a chaviré, ou porté un regard hautain. "

"C'était à mes yeux aussi quelqu'un qui a fait évoluer la condition de la femme …

Sa sensualité assumée et incarnée a fait changer les regards, elle a libéré beaucoup de femmes. 

Quand elle a interprété le titre  "Je t'aime moi non plus" à la base écrit pour Brigitte Bardot, il a été totalement censuré.

Même la presse anglaise à l'époque considérait que la chanson ne laissait entendre que des râles d'animaux !

Pourtant cette chanson est devenue culte et son interprétation incontournable. 

Jane par son incarnation dans le métier, en musique comme au cinéma, a réussi à faire évoluer les choses.

Ses yeux, cette voix, sa façon de parler …

Au-delà de l'artiste, c'était d'abord une femme exceptionnelle !"

En début d’après-midi ce dimanche,

vous êtes intervenue à l’antenne quelques minutes après l’officialisation par les équipes de France Info de sa disparition …

"J'avais de l'émotion dans la voix parce que le décès d’un artiste c’est toujours douloureux...

Mais Birkin, c'était quelqu'un d'unique !

Brigitte Bardot qui a un parcours exceptionnel, a fait le choix de ne plus être accessible, depuis des années elle s'est complètement retirée de la scène médiatique,

donc nous ne partageons plus grand-chose avec elle, ou pas forcément dans le bon sens du terme.

Jane Birkin, elle, c'était quelqu'un qui donnait énormément, sans compter …

Elle aurait donné sa chemise et je crois que ce qui l'a fait de partir, c'est le décès de sa fille."

L'été, il y a 2 ans presque jour pour jour,

vous aviez diffusé sur France Info, 5 entretiens tout au long d'une semaine ...

Elle était alors très éprouvée par le chagrin ?

"C'est ce qu'elle m'avait dit au micro ...

Elle n’a jamais accepté que sa fille ait mis fin à ses jours parce qu'elle n'avait pas su entendre sa détresse.

Alors, elle a vécu de plus en plus mal, rongée aussi par la maladie.

Déjà, le décès de Serge Gainsbourg avait été terrible,

mais elle est restée présente jusqu’au bout …

Ensuite d'ailleurs, elle a créé le spectacle et l’album "Gainsbourg symphonique", parce qu’il faisait partie de sa vie.

Ils étaient indissociables …

Il lui a donné, certes, des chansons magiques,

mais sans elle, il n'aurait pas pu être le Serge Gainsbourg qu'on a tant aimé !

Au micro Jane Birkin se confiait facilement ?

"Dès l'instant où elle racontait quelque chose, elle le partageait avec toute sa sensibilité et toute son honnêteté …

Même si elle a vécu des moments exceptionnels avec John Barry ou même avec Jacques Doillon,

je pense que Serge Gainsbourg aura marqué à jamais leur histoire assez exceptionnelle.

Elle m'avait racontée que Serge était extrêmement jaloux.

Donc, quand John Barry venait chercher leur fille Kate,

Gainsbourg se mettait au piano jouait le thème de James Bond, que Barry avait composé, pour la déstabiliser…

En même temps, elle avait la force de caractère pour tenir bon,

et passer à autre chose !

Et je crois d'ailleurs que c'est comme ça qu’est né le titre "Je t'aime, moi non plus", initialement destiné à Brigitte Bardot.

L’ex de BB, Gunter Sachs, avait éxigé que les diffusions soient interdites.

Alors Gainsbourg l’a proposé à Jane et elle a su y apporter sa personnalité !  

Elle n'était pas qu'une exécutante,

c'était vraiment une artiste à part entière qui s'accaparait des moments où des chansons et qui les faisait siennes.

J’ai beaucoup de mal à accepter qu'elle puisse ne plus faire partie de notre monde,

à imaginer un seul instant qu'elle ne puisse être, exister, ne plus nous parler,

nous raconter des histoires avec cette passion mais aussi cette douceur …"

Thierry Mathieu ,

Président d'e-crossmedia,

le 16 juillet 2023.