Sorry its not set :(

La Chaîne Info de la guerre en Ukraine : LCI,

stratégiquement en conquête d'audience,

et d'ores et déjà victorieuse sur son terrain.

Entretien avec Thierry Thuillier,

Directeur Général de l'information du groupe TF1.

Sorry its not set :(

 

Jusqu'au 24 février, une semaine d'interviews exclusives,

sur e-crossmedia.com  :

"L'Ukraine, un an après ..." .

Comment faire évoluer les lignes éditoriales, raconter les conséquences du conflit sur la vie quotidienne, prendre en compte la puissance du numérique, accompagner les équipes ?

Chaque jour, ici, un dirigeant de radio, de télévision, de presse écrite.

 

Dès ce mercredi 15 février, les envoyés spéciaux du groupe TF1 ont raconté le conflit "de l'intérieur" sur LCI.

https://www.tf1info.fr/international/document-exclusif-ukraine-un-an-sur-le-front-a-voir-mercredi-a-20h50-sur-lci-2248119.html

 

 

 

 

Coup de fil au Directeur Général de l’info du groupe TF1,

Thierry Thuillier.

 

"Le 24 février 2022, c’est le retour de la guerre en Europe et c’est un choc pour ma génération, qui n’a connu que le conflit des Balkans.

Très vite, je comprends, compte tenu de l'impication de la Russie, que la référence, en réalité, c’est la 2ème guerre mondiale.

Cela induit immédiatement des questions : que va-ton raconter sur les antennes ?

Comment déployer les moyens ?

Pour garantir la qualité de l’information, il nous faut trouver des experts.

Le jour même, j’appelle mon vieux complice Pierre Servent que j’avais fait débuter en télévision à France 2 il y a quelques années, parce que nous avions besoin d’expertise.

Didier François a suivi …

 

 

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En fait, à la tête du pôle info du groupe TF1, vous dotez La Chaine Info de spécialistes en pensant que cela servira aussi les autres chaines …

Exactement, en caricaturant un peu…

A TF1 : le reportage et le grand reportage avec un mode de narration basé sur des équipes de terrain qui racontent ce qu’elles voient.  

A LCI : le décryptage et l’expertise.

La vérité, c’est que tout s’est mêlé et qu’aujourd’hui les équipes travaillent pour les deux chaînes en adaptant les formats.

Les reportages sont diffusés sur la chaine d’info continue, et les experts viennent également en plateau sur l’antenne prémium.

 

Cette stratégie, qui a permis une progression remarquable de LCI, est-elle appelée à durer, puisque malheureusement le conflit semble s’éterniser ?

Pour TF1, on résonne au fil de l’eau en fonction des évènements et de la capacité des équipes à produire des reportages.

Pour LCI, c’est un choix éditorial durable : se positionner sur l’actualité internationale, géopolitique, et je dirais même géo économique.

Mais il ne s’agit pas pour autant de dédier cette chaîne à une chronique quotidienne consacrée à l’Ukraine et aux évolutions du front.

L’ambition est d’expliquer les ressorts profonds qui font de cette guerre un objet unique. Sur cette planète des mondes différents se regardent en chiens de faïence :

l’Europe, les Etats Unis, l’Asie, les pays du golfe, la fédération de Russie, l’Afrique …

Je souhaite que LCI soit, pour cette redistribution des cartes, la chaine qui relate les faits, mais également les décrypte.

On sait par exemple aujourd’hui que la mondialisation est en voie de démantèlement.  

C’est bien, donc que François Lenglet vienne l’expliquer :

cette guerre entraînera des conséquences mondiales durables y compris sur nos niveaux de vie, sur nos modes de vie.

 

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Tout cela alors que le numérique s’impose, y compris sur les champs de bataille …

Nos reporters, dont le métier est de produire de la vidéo, s’investissent également sur le web et surtout les réseaux sociaux.

Le site « TF1 Info » totalise 300 millions de vidéos vues en 2022.

Une large part est nourrie par les envoyés spéciaux qui trouvent le temps, en plus de la réalisation de leurs sujets et de leurs directs, de produire de courtes vidéos pour le site.

Mais c’est aussi, en cela que cette guerre suscite une nouveauté des pratiques.  

Liseron Boudoul ou François-Xavier Ménage par exemple publient des vidéos sur les réseaux sociaux, y compris sur TikTok.

Elles ne sont pas "habillée"  comme d’habitude sur cette plateforme, ce sont des formats bruts, très courts, des plateaux d’une cinquantaine de secondes…

Mais ces publis ont cumulé près d’un million de vues !

 

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C’est le médium incontournable pour toucher les publics qui ne regardent plus la télévision traditionnelle …

Exactement !

La télé c’est une audience désormais familiale quand elle existe encore, ce n’est pas une pratique individuelle.

Le jeune public consomme quotidiennement et le plus souvent en solitaire des images via son smartphone.

Il ne revient à la télé qu’en cas d’actualité exceptionnelle, on l’a vu pendant le covid ou au début de la guerre d’Ukraine.

Mais c’est très ponctuel …

Il ne reste que le public âgé pour être fidèle aux rendez-vous de 13 et 20 heures.

Ils réunissent tout de même encore quelques 11 millions de personnes, c’est  en France un exemple unique au monde.

Ca reste colossal !

Mais pour s’adresser aux plus jeunes, pour les informer, il faut aller là où ils sont, avec leurs codes, parce que …  

Contrairement à ce qu’il se dit, les jeunes aiment l’information, mais pas dans la forme convenue, habituelle …

C’est encore plus vrai d’ailleurs sur la thématique de la politique étrangère, l’actualité internationale :

ils s’inscrivent dans un monde sans frontière, à l’image des réseaux sociaux.

 

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Tout de même, il y a des offres traditionnelles qui s’adaptent aux jeunes adultes,

à la manière de « Quotidien » sur TMC …

Tout à fait …  

On appelle cela « infotainment » dans notre jargon.

C’est une approche qui vient compléter celle, plus académique, des magazines ou des journaux de LCI ou de TF1.

Cela ne touche pas le public réellement jeune, ce sont plutôt les 25 / 49 ans, via des angles et des thématiques qui les ciblent.

Ce sont des sujets sociétaux qui ont moins de place dans les journaux de TF1:

la parité hommes-femmes, la diversité, l’environnement, les modes d’alimentation et donc aussi l’actualité internationale comme la guerre d’Ukraine, mais traitée différemment.

Pour résumer : quelqu’un qui veut s’informer en France, quelle que soit sa génération ou sa catégorie socio-professionnelle doit pouvoir trouver une offre adaptée, dans le cadre d’une économie libre, donc gratuite.

 

Pour toucher cette cible, vous n’hésitez pas, comme le soir de la venue du Président Zelinsky à Paris, à scénariser les évènements,

vous mettez en scène l’actualité….

 

 

Une moto a suivi le convoi officiel d’Orly à l’Elysée …

Nous, on appelle ça l’évènementialisation, et en effet nous utilisons tous les attributs :

par exemple cette moto, ou encore la 3 D, voire la réalité augmentée.

Elles viennent parfois en support pour optimiser l’impact sur le public.

Les jeunes vivent leurs médias avec l’omniprésence des datas, d’infographie, des effets spectaculaires, il nous faut acquérir ces codes-là.

Mais on ne fait pas n’importe quoi, cela se fait sous contrôle. !

Il nous faut investir ces champs formels pour toucher tous les publics.

A titre d’exemple, l’usage des drones est devenu incontournable.

Il donne une dimension informative et très spectaculaire.

Toutes ces techniques maitrisées permettent de rester en phase avec l’ensemble des publics.

 

 

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La prise en compte de la réalité de ce marché, pour toucher les différents publics, a été boostée par la crise ukrainienne ?

En tous cas, elle a rendu plus évidente l’impérieuse nécessité de savoir s’adresser à tous !

Parce que nous sommes dans un moment d’histoire unique, nous avons une responsabilité importante.

Nous nous sommes donc mis en rangs serrés pour faire en sorte que l’ensemble des publics puissent accéder à l’info.

Cette crise est un accélérateur des changements et des pratiques.

J’ajoute que pour les équipes qui vont sur le terrain, auxquelles je rends hommage, c’est une expérience à la fois redoutable et stimulante.

Ce sont de jeunes femmes et de jeunes hommes qui travaillent sur des terrains de guerre effrayants.  

Pour eux, c’est un accélérateur d’expérience professionnelle, ils ne verront plus jamais l’actualité de la même manière ! ".

 

3ème entretien sur e-crossmedia

Demain, 18 février :

Yves Thréard,

Editorialiste et directeur adjoint de la rédaction du Figaro, chroniqueur sur LCI, Public Sénat, LCP et France 5.

 

Les précédentes interviews sont à lire ici :

https://www.e-crossmedia.com/interview/

Thierry Mathieu,

Présdident d'ecrossmedia ,

le 17 février 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

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