"La solidarité avec le Maroc passe aussi par les médias, tous ceux du bassin méditerranéen, réunis au sein de la COPEAM. Nous sommes mobilisés." Coup de fil à l'un de ses dirigeants, Franck Lidon.

Le bilan provisoire de la catastrophe est, ce dimanche matin, de 2012 morts,  selon le ministère de l’Intérieur,

et il très difficile d'évaluer le nombre de personnes disparues ...

La solidarité passe aussi par les médias …

Sur le pont depuis ce matin, l’ensemble des radios et télévisions du bassin méditerranéen réunis au sein de la COPEAM :

une organisation à but non lucratif consacrée au dialogue et à la coopération culturelle,

à travers l’implication des principaux acteurs du secteur audiovisuel,

dont les radios et télévisions publiques de 27 pays du bassin,

avec des associations professionnelles et culturelles, des institutions, des collectivités territoriales,

des structures de formation universitaire et de spécialisation, des producteurs indépendants de toute la Région.

Coup de fil au Directeur Délégué aux actions et ressources en Méditerranée, et vice-Président de la COPEAM.

Il est par ailleurs Président de la commission radio,

Franck Lidon.

"Nous avons tenu une cellule de crise dès 08h00 ce samedi matin.

Nous avons envoyé un mail à l'ensemble des rédactions du Maroc d’abord,

et puis à celles de l’ensemble du Maghreb, d’Italie, de France, d’Espagne etc …

En tout 27 nations !

Nous croisons et partageons nos informations.

Si un journaliste a besoin d'un contact, de précision géographique par rapport au séisme, de renseignement pour parvenir à approcher la zone de l'épicentre,

nous mettons en commun nos infos et nous les partageons.

Tout à l’heure par exemple, j’ai donné les coordonnées du maire d’un des villages sinistrés qui est difficilement joignable.

C’est une solidarité, un partage, pour ensemble être plus forts.

Mais il s'agit surtout et avant tout de se donner les moyens de rendre ensemble, service aux victimes de cette catastrophe

et à nos confères et amis marocains."

Votre réactivité,

c'est la mobilisation essentielle quelques heures seulement après ce drame …

"Il y a en effet une coordination,

un travail qui  se construit ensemble,  le jour même,

sans pour autant être organisés comme une seule entité qui pourrait se réunir plus simplement sous la forme d’une conférence de rédaction.

Nous communiquons avec l'ensemble des équipes de journalistes des pays membres

pour savoir quelle contribution nous pouvons apporter en coopérant et en dialogant :

comment être utiles …

Intrinsèquement, la Copéam est une association qui a pour but de maintenir les dialogues en Méditerranée.

On fait évidemment beaucoup de diplomatie depuis des années,

mais quand une telle catastrophe survient nos liens établis, nos réflexions, nos carnets d’adresse prennent une autre dimension :

celle de la solidarité.

Nous avons beaucoup avancé dans ces fructueux échanges au moment de la crise du covid.

A l'époque, on s’est tous réunis en vidéo conférence par Zoom, par Teams …

Nous nous sommes montrés solidaires et nous avons appris à échanger, à partager nos informations …

Nous avons construit une forme de solidarité."

Et aujourd’hui, au moment de faire face à cette terrible crise qui touche l’un des pays membre,

cette expérience vous permet-elle de bien mieux coopérer ?

"En effet, devant la catastrophe, on est tous réunis, tous pays confondus et au-delà des tensions ou des barrières diplomatiques.

Bien sur que la géopolitique et les enjeux existent,

mais par-dessus tout, l’enjeu est de relayer l'information telle qu'elle est,

et non pas telle que par moment on pourrait nous la donner...

Que ce soit au Maroc ou ailleurs !

C'est à dire de vraiment confronter nos idées,

les partager.

D'abord : se donner les moyens de diffuser l'information réelle sur le terrain."

C’est l’enjeu, à chaud,

mais vous imaginez d’ores et déjà le suivi qu’il faudra imaginer pour la suite ?

"Les rédacteurs en chef ou les directeurs d'édition, puisque les titres sont différents selon les pays, vont se parler pour mettre en place des moments partagés de solidarité.

Il faudra les bâtir,

et paradoxalement nous sommes déjà en train de les imaginer.

Il nous faudra les construire ensemble.

Le premier projet qui nous vient à l’esprit est une émission qui réunira l'ensemble des radios du bassin méditerranéen d'ici un mois.

Il faudra aussi allier nos forces pour accompagner, aider à la reconstruction, être solidaires avec le Maroc,

comme nous le serions avec n’importe lequel des pays membres.

La Copéam c'est la Méditerranée et même au-delà…

Nous sommes tous, colocataires du même espace,

on ne se pose pas la question de savoir si on est de tel ou tel quel côté de cette mer.

En soi, nous sommes tous méditerranéens,

et ce qui compte ce sont les micro-régions et leurs peuples,

au-delà des nations.

En fait, la Méditerranée, c'est un ensemble composé par ses régions.

C’est peut-être unique au monde.

Les médias se considèrent avant tout méditerranéens.

Unis, pour le meilleur et pour le pire."

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia,

le 9 septembre 2023.