La vache ! Breizh, et Izel, 2 petits veaux nés en pleine tempête en Bretagne sont baptisés au nom de la radio locale en remerciement du service rendu au public... Entretien avec le directeur de la station, Gurvan Musset. |
Les pionniers des radios locales de service public,
il y a plus de 40 ans, s'en souviennent ...
Radio Mayenne, l'une des 3 pionnières, avait été gentiment surnommée "Radio Tracteur",
parce qu'elle avait inventé un mode de proximité :
les cultivateurs avaient acheté en masse des transistors pour écouter l'antenne,
quand ils étaient aux champs.
A Toulouse après la catastrophe d'AZF,
un semi remorque avait apporté des milliers de petites radios avec des piles
pour que les sinistrés privés d'électricité puissent s'informer.
Quand les éléments se déchaînent aujourd'hui encore, même à l'ère du digital,
la radio reste le média essentiel.
Comme en témoigne ce qu'a vécu l'équipe de France Bleu à Quimper
avec la tempête Ciaran, il y a tout juste une semaine.
Coup de fil au directeur
de France Bleu Breizh Izel,
Gurvan Musset.
"C’est une auditrice qui nous a appelé à plusieurs reprises parce qu'avec son mari ils se sentaient vraiment, vraiment seuls.
Ce couple d’éleveurs est isolé dans une partie reculée du département,
dans la limite des monts d'Arrée,
donc très loin de Quimper.
Alors que la tempête faisait rage,
ils nous ont appelé régulièrement pour donner des nouvelles
mais aussi pour avoir des infos.
Pour savoir par exemple comment contacter Enédis...
La solidarité des auditeurs a permis de leur trouver un groupe électrogène,
les gens étaient hyper sensibles à leurs témoignages.
Il y a eu beaucoup de réponses, la radio a permis de les dépanner.
Ils ont pu effectuer la traite de leurs vaches,
retrouver l'éclairage
et finalement de donner naissance à ces 2 petits veaux."
L’une de vos journalistes est allée chez eux prendre de leurs nouvelles,
et a eu cette surprise ?
"En effet, elle a trouvé des gens qui étaient hyper reconnaissants.
Et ce matin, on a eu le plaisir de recevoir une photo des 2 petits veaux qu’ils ont décidé de baptiser "Breizh" et "Izel",
le nom de notre station France Bleu.
Içi dans les studios, nous avons tous eu les larmes aux yeux.
C’est comme ça depuis cet épisode qui restera dans l’histoire de la station,
et de notre région."
"Nos locaux ont été frappés par les vents très violents, des arbres sont tombés,
l’électricité a été coupée,
nous avons fonctionné grâce au groupe électrogène.
Pendant une cinquantaine d’heures nous sommes restés à l’antenne.
Nous avons débuté la spéciale la veille au soir,
avant même l'arrivée des premières rafales violentes qui ont dévasté la région… "
Depuis l’émotion reste très forte,
y compris à l’antenne ?
"Oui …
Ce matin encore une animatrice était très émue quand un monsieur de 82 ans a appelé.
Il a confié que s’il avait trouvé la force de rester en vie durant cette nuit terrible,
c’est parce qu’il avait écouté la station.
Ca lui a permis de trouver la force de lutter contre les éléments, de ne pas sombrer …"
"Un auditeur a raconté qu’il était monté dans son grenier,
et était parvenu à trouver un ancien transistor.
Malgré la poussière, le poste par bonheur fonctionnait, les piles étaient encore actives.
Même sans électricité et en pleine tourmente, il a pu capter la station et ne pas être coupé du monde …
Quand on entend cela, on se dit que la force de la radio, surtout en proximité, est incroyable, irremplaçable !"
Pourtant à l’ère du numérique,
les vieux médias semblent affaiblis …
"C’est un épisode qui au contraire illustre la nécessaire complémentarité.
Si certains cherchent un transistor ancien à pile, d’autres écoutent en streaming avec leur smartphone.
Dans tous les cas, les 2 supports se complètent.
Nous avons eu quelques 400 000 visites sur notre site en une journée : du jamais vu !
Et quelques jours après le passage de cette tempête, nous préparons un best off des témoignages à l’antenne.
Ils seront bien sur diffusés sur la FM, mais ce seront aussi des podcasts.
Ces archives seront patrimoniales".
Donc la radio,
malgré l’évolution du mode de consommation des médias,
a toujours un bel avenir selon vous ?
"Cette dernière expérience en est une belle démonstration.
Evidemment les internautes consultent les infos qui sont publiées par tous les médias dans ces cas là,
sur leur ordinateur ou leur smartphone.
Mais il reste quelque chose d’essentiel, de magique à la radio,
c’est la chaleur, l’empathie, l’accompagnement, la solidarité …
La puissance de la voix…"
Thierry Mathieu,
e-crossmedia,
le 9 novembre 2023.
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