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Au téléphone depuis Kiev, Omar. 

Journaliste à Radio France il raconte à e-crossmedia son quotidien de reporter de guerre, dans cette capitale assiégée et qui s'attend à voir débouler d'un jour à l'autre l'armée russe. 

Sur ce théâtre d'opération, sa mission, avec le technicien Gilles Gallinaro est de toucher le plus large public, de témoigner, d'informer en multipliant les supports.

"Nous on travaille pour la radio.

Donc on a des appareils numériques, on fait également de la vidéo, là on vient de faire un direct sur France Info Tv, donc face caméra.

On partage notre travail notamment sur Twitter, et c’est repris sur les réseaux sociaux de Radio France. Donc l’idée c’est de toucher le plus grand nombre, c’est la vocation du service public.

Cette crise elle est majeure ! 

https://twitter.com/i/status/1500465074967879685

Je pense qu’il y a une génération de grands-reporters qui ne pourraient pas l’être aujourd’hui. Il faut être capable de maitriser tous ces outils. Dans les années 50, 60, nos ainés partaient sur le terrain, envoyaient péniblement leurs papiers quand ils pouvaient trouver une ligne téléphonique … De nos jours l’instantanéité est là, on la prend en compte au quotidien.

Mon cœur de métier ça reste la radio pour France Inter, France Info, France Culture.

J’essaie de ne pas dire de bêtise, de vérifier ce que je raconte, je multiplie les interventions sur les différentes antennes.

J’adapte ma façon de raconter les choses pour les publics des différentes chaines : on varie le ton, on varie le vocabulaire, on varie le texte, comme sur tous les supports, à la radio, sur le web, et donc à la télévision.

Le but c’est d’être rigoureux et de raconter ce à quoi on assiste.

 

Vous qui avez travaillé pour le Mouv’ – la radio « jeune » du service public – comment pensez-vous pouvoir toucher la jeune génération ?  

Par le web, peut-être plus que par la radio ?

Oui mais dans le fond c’est surtout le thème dont on parle, l’angle qui est important, et je crois que la question des réfugiés est celle qui peut le plus sensibiliser les jeunes.

En Ukraine, ce sont des européens, qui partagent la même religion qui est dominante et France, et qui sont finalement des gens comme nous. Ils sont occidentaux, ils ont les mêmes modes de vie.

Cette crise n’est pas née d’hier, elle est née du détricotage de l’Union Soviétique et aujourd’hui c’est la revanche de Vladimir Poutine.

Il faut en parler à l’école, au collège et au lycée, à la radio et bien sûr, sur le web.

Malheureusement les radios musicales, dites «jeunes» ne font pas ce travail.

Elles font dans le simple, le frais …

Mais pourtant, ce qu’il se passe aujourd’hui c’est majeur !

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Depuis le début de cette guerre en Europe, qu’elles sont vos conditions de travail ?

 

Nous avons mis 27 heures, en voiture depuis Paris pour arriver en Ukraine.

Nous sommes allés, en passant par la Belgique, l’Allemagne et la Pologne, directement à l’est, jusqu’aux républiques séparatistes du Dombass. 

De là, nous avons accompagné dans le sens inverse la vague migratoire. Sur Inter, Info j’ai été le premier à alerter sur cet immense phénomène, sans précédent : le déplacement massif,  incroyable des populations, leur exode vers l’ouest : 2 millions en une dizaine de jours.

 

 

Quels sont les risques que vous encourez, vous qui avez été séquestré, même, pendant 24 heures lors d’un reportage au Mali ?

 

Depuis le début de cette guerre il y a eu 4 incidents, dont certains sérieux à l’encontre de journalistes. Une voiture de confrères britanniques de la télévision Skynews s’est retrouvée sous le feu russe.

Un journaliste suisse a été également visé … Les journalistes en effet sont des cibles il faut le savoir.

La liberté de la presse n’est pas respectée en Russie, et ils nous voient comme des éléments pros occidentaux.

Donc évidemment : je réfléchis à comment réagir quand les russes vont entrer a Kiev, comment leur échapper le cas échéant, parce qu’ils ne nous laisseront pas travailler : au mieux ils nous chasserons, au pire ils nous ferons du mal.

De toutes façons, lorsqu’on travaille sur ces théâtres d’opération là, on se dit que tout peut arriver, qu’on peut ne pas rentrer à la maison...

Cà peut s’apparenter à un accident de travail !

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Lorsqu’on va en Syrie, on connaît Daech et son idéologie, en Irak on a conscience de la dictature qui y sévit …

Là on a affaire à une puissance militaire mondiale prête à tout pour prendre l’Ukraine, et qui souhaite faire un minimum de dégâts sur le plan de la communication.

Mais nous, on dit ce qu’on voit, et ce qu’on voit est catastrophique : la Russie aujourd’hui bombarde effectivement des populations civiles alors qu’à Moscou le régime ne parle que d’une opération spéciale.

21 civils sont encore morts à Sumy, à 350 kilomètres de Kiev ce mardi.

A nous de le faire savoir, à tous les publics, sur tous les supports.

Nous devons être des journalistes caméléons ".

e-crossmedia, le 8 mars 2022.

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