"Geneviève de Fontenay était attachée à tous les territoires comme à leurs Miss, elle aimait passionnément les gens et la France". Le témoignage d’Yves Derisbourg, co-présentateur de l’élection annuelle de Miss France.

RTL, Radio Mayenne, Radio 7, France Inter, Europe1, Sud Radio, RMC …

Il est l’une des voix de radio les plus célèbres de France.

Mais il a aussi été à la télé le porte-parole du public pour l’élection de Miss France,

et a partagé plus de vingt années de complicité sur les plateaux des élections des Miss avec Geneviève de Fontenay,

et son fils Xavier.

Coup de fil à Yves Derisbourg :

"Nous avons eu le projet d'écrire un livre, malheureusement ses occupations et la fatigue ont fait qu'on ne l’a pas terminé…  

Nous aurions voulu le titrer

"Ma France à moi" …

Elle avait la passion des gens et des territoires.

Elle connaissait vraiment la France parfaitement, après l’avoir sillonné dans tous les sens,

et pas seulement par les autoroutes et les nationales : de préférence par les départementales !

Dans cet ouvrage, nous souhaitions mettre en avant tous les petits artisans qui faisaient des spécialités locales.

Elle arrivait quelque part et demandait :

"Mais qu'est-ce qu'on mange ici ?

C'est quoi la spécialité ?

Vous avez des dames qui font ce type de de couture, ça se fait toujours ? "

Elle s’intéressait véritablement au terrain, pendant les plus de 50 ans où elle a sillonné le pays avec tout d'abord son mari,

puis avec son fils pour organiser ces élections annuelles de Miss France".

Miss France reposait sur un maillage d'associations indépendantes ?

"Oui, avec des représentants locaux, départementaux sur tout le territoire !

Ils organisaient des élections dans les plus petites villes de province et ensuite ces associations présentaient leur candidate à la société Miss France.

Alors le comité passait un contrat pour la diffusion de la finale annuelle du concours avec France 3 puis avec TF1, sous la houlette de Xavier de Fontenay, son fils."

En fait, Geneviève et son fils Xavier ont apporté sur un plateau l'émission ?

"En effet puisque pendant les 6 mois précédents, le travail allait bon train :

d’abord dans les stations balnéaires en été, puis partout ensuite jusqu’en novembre !

Les dernières candidates embarquaient à bord d’un avion pour venir tourner in extrémis les séquences sur une plage en vue de la diffusion début décembre.

Et à chaque moment, partout, des gens venaient demander des autographes à Geneviève.

Jamais elle n’en a refusé un ! "

C’est ce rapport au public qui l’animait,

et c’est aussi la raison pour laquelle vous avez vécu cette aventure à ses cotés durant plus de 20 ans ?

"A l'époque sur France Inter j’animais "Ecran total", qui faisait appel au public via le téléphone et ... le Minitel puisqu’il n’y avait pas encore Internet !

Les auditeurs posaient des questions aux invités que j’accueillais à l’antenne avec Marcel Jullian.

C’est en écoutant notre programme que la directrice de FR3 a proposé d’adapter à la télévision ce mode de relation avec le public, d'interactivité.

Elle cherchait à rénover l’émission annuelle de l’élection de Miss France et donc à faire participer les téléspectateurs.

Sur la 3, il y a eu Yves Lecoq et Julien Lepers,

puis le programme a été repris par TF1 avec Jean-Pierre Foucault.

Et moi j'étais toujours hors plateau dans une cabine , dans une lieu très intime avec un écran magique,

et ultra confidentiel !"

Vous étiez à l’antenne le porte-parole du public auprès de Mme de Fontenay ?

"A chaque édition, une fois qu'on connaît les candidates qui concourent pour le titre,

on démarre le vote au téléphone avec les 12 premières,

puis avec les 5, etc …

Et puis il y a aussi pour établir le classement un mix entre les notes des téléspectateurs et celles délivrées par le jury présent dans la salle.

A ce moment là seuls moi-même avec mon assistant et seulement aussi un huissier de justice, nous possédons les infos !

J’ai un écran sous les yeux, et je vois les votes évoluer :

c'est assez amusant !

Parfois des candidates sont bien côtées, mais après leur passage en interview, les votes chutent !

Mais ce n’est pas seulement un jeu …

Les enjeux commerciaux sont considérables,

d’ailleurs chaque vote de téléspectateur au standard est payant,

et ce sont des centaines de milliers de personnes qui participent :

jusqu’à 5 millions 600 000 appels !"

Geneviève de Fontenay, comme le présentateur de l’émission, ne savaient réellement pas ce qui se tramait ?

"Evidemment non …

Comment imaginer qu’il puisse y avoir tricherie ?

D’ailleurs Geneviève avait trop de respect pour le public, tous les publics … 

Elle travaillait pour les braves gens des régions, les humbles…

Et elle était sans doute" la plus grande star française",

et je pèse mes mots.

J'ai fait un vol en avion avec elle, et je pense que tous les passagers qui étaient dans l'appareil sont venus la voir pour lui demander une dédicace :

elle a fait ses 200 signatures sur les photos,

Geneviève était ouverte à tout !

Elle allait prendre son petit café au comptoir le matin en face du Parc des Princes à Paris.

Elle discutait avec tout le monde, elle était absolument incroyable !"

C’était la même chose partout en région ?

"L’élection de Miss côte d'Opale, puis celle de Miss Pas de Calais ...

Toutes les cérémonies avaient pour elle la même valeur et la même importance jusqu’à l'élection finale de Miss France !

Pendant 30 ans au volant de sa Peugeot, d’une région à l’autre, elle a sillonné toutes les routes de France !

Elle avait sa table et son fer à repasser, c’est elle qui repassait les robes avant que les Miss défilent…

Elle allait voir les parents, le public, les journalistes, jusqu’au plus humbles correspondant des petits journaux de province.

Elle considérait tout le monde de la même manière,

qu’il soit présentateur de TF1 ou pigiste des Echos de la Mayenne !"

Thierry Mathieu,

Président d’e-crossmedia,

le 2 aout 2023.