"Ukraine, une guerre sans fin ?"  Soirée spéciale ce jeudi sur France 2 Entretien avec Stéphane Sitbon-Gomez, Directeur des antennes et des programmes de France Télévisions.

Jusqu'au 24 février, une semaine d'interviews exclusives

sur e-crossmedia.com  :

"L'Ukraine, un an après ..." .

Comment faire évoluer les lignes éditoriales, raconter les conséquences du conflit sur la vie quotidienne, prendre en compte la puissance du numérique, accompagner les équipes ?

Chaque jour, ici, un dirigeant de radio, de télévision, de presse écrite.

1er entretien de cette série :

Stéphane Sitbon-Gomez, Directeur des Antennes et des Programmes de France Télévisions.

"Je me souviens très bien du 24 février 2022.

Dès 7 heures du matin, nous nous sommes appelés pour nous adapter à cet évènement et modifier notre offre.

Le soir en effet une émission sur France 2 était programmée dans le cadre de la présidentielle avec Marine Le Pen.

Nous l’avons ajournée pour construire une soirée spéciale dédiée à cette guerre qui débutait en Ukraine.

Animée par Léa Salamé, elle a réuni plus de 3 millions de téléspectateurs. 

Nous avons donc su bousculer l’antenne pour être présent sur l’évènement.

Quelques jours plus tard, le 8 mars, nous avons aussi organisé avec Radio France, en direct de la maison de la radio et de la musique, un grand concert de solidarité qui a permis de récolter plus de 8 millions d’euros.

Et puis il y a eu le documentaire qui a fait date, celui où vos caméras montrent le Président de la République à l’Elysée téléphoner à Vladimir Poutine :

ce reportage a marqué les esprits …

En effet, originellement une équipe suivait Emmanuel Macron à l’occasion de la présidence tournante de l’Union Européenne …

Nous avons transformé le projet en le consacrant à la crise ukrainienne.

Ce grand film documentaire "Le Président, l’Europe et la guerre"  diffusé le 30 juin, a fait vivre les évènements de l’intérieur, au cœur du pouvoir.

Globalement, au fil des semaines, nous avons donc travaillé à 360 degrés pour être dans la solidarité, la réactivité,

mais aussi la volonté de nous inscrire dans le temps long.

Ensuite, les rédactions de vos chaînes ont réellement porté la couverture du conflit au quotidien ...

Depuis un an, plus de soixante personnes de notre groupe se sont rendues en Ukraine, avec une présence très forte des femmes :

Maryse Burgot, Stéphanie Perez, Dorothée Olliéric, Agnès Vahramian …

Autant de talents qui, semaines après semaines, se sont succédés sur le terrain pour témoigner, documenter, nourrir nos différentes offres,

avec une attention très forte de notre part évidemment pour leur sécurité …

Et, à chaque chaîne sa mission ?

France 2, comme avec la soirée spéciale construite dès le premier jour du conflit et celle de ce jeudi soir même, a vocation à être le canal de l’évènement.

Sur France 3, nous avons eu une réflexion avec l’ensemble du réseau des 24 stations régionales pour qu’elles restituent le ressenti des téléspectateurs au plus près du terrain.

Nous avons d’ailleurs consacré une soirée exceptionnelle diffusée par chaque région pour restituer la réaction, le point de vue et l’émotion des citoyens dès le début du conflit.

Et du coté de France 5, nous avons respecté son ADN : le décryptage, comme les émissions de début de soirée.

"C’est dans l’air", "C’est ce soir", et "C’est à vous" ont toutes consacrée une part importante de leurs choix éditoriaux à cette crise,

leur mission c’est l’expertise et le débat.

C’est donc un bouquet d’offres.

Les chaines ne se font pas concurrence car elles correspondent à des attentes singulières de la part des publics.

Voilà déjà un an que ce conflit a débuté et il est sans doute appelé à durer ...

Comment imaginez-vous la suite ?

Nous voyons que l’attention des publics sur cette guerre est toujours très vive, tant sur nos offres que du côté de la concurrence.

Mais de notre coté, nous sommes attentifs à ce que notre couverture apporte des éléments nouveaux, nous ne souhaitons pas nous inscrire dans la répétition.

Nous ne voulons pas tomber dans une boucle, une spirale de suivi quotidien du sujet.

Notre positionnement est donc de ne pas proposer une couverture en continu, mais d’être présent pour présenter des éléments nouveaux et complémentaires.

Par exemple depuis quelques jours,

France info canal 27 accorde beaucoup de place à la Turquie, alors que sa concurrente LCI du groupe TF1 demeure en très large partie mobilisée sur l’Ukraine …  

Nous avons en effet un parti pris différent.

Le conflit ukrainien continue d’être traité sur nos chaînes dans son amplitude, avec toutes ses déclinaisons et son impact au niveau européen et global,

mais il ne doit pas pour autant dissimuler ce qui continue à se passer partout ailleurs.

Il y a un intérêt renouvelé pour l’actualité internationale, nous sommes donc attentifs à nourrir tous les regards.

Au-delà des chaînes de télévision traditionnelles, le linéaire, cet évènement met aussi l’accent sur l’importance du numérique …

Pour nous, les offres numériques sont désormais nos premières antennes !

Elles permettent d’apporter plus de profondeur.

France info.fr a été mobilisée en permanence pour porter une réelle valeur ajoutée.

Avec nos correspondants, elle permet d’alimenter les internautes en permanence en éléments d'information et en analyse, hors des rendez-vous d’antenne traditionnels.

Nous avons des résultats très significatifs : c’est la 1^ère offre d’info française en termes d’audience sur ce sujet.

Et puis sur France.tv nous sommes attentifs à proposer une offre d’approfondissement nourrie par des documentaires, des magazines …

Cette plateforme est actualisée en permanence pour apporter le plus possible l’ensemble des éclairages aux français.

A l'image du "choix de la rédaction", ce 14 février.

En quoi cette omniprésence du numérique, à l’occasion de cette crise en Ukraine, fait-elle évoluer les pratiques au sein du groupe France Télévisions ?

Dans la forme, cela fait des années pour le coup, que tant du côté de la rédaction que des programmes la prise en compte des plateformes est une réalité.

Dans le fond, cette guerre a surtout boosté l’intérêt du public pour l’actualité internationale.

De ce point de vue, les plateformes numériques permettent une capacité d’exploration beaucoup plus importante que les offres linéaires.

Et surtout, évidemment, elles touchent le public le plus jeune qui s’écarte des médias traditionnels"

2ème entretien sur e-crossmedia

Demain, 17 février :

Thierry Thuillier,

Directeur Général de l'Information du groupe TF1.

Thierry Mathieu,

Président d'e-crossmedia ,

le 16 fevrier 2023.